
Il aura fallu attendre plus de quatre mois après les élections législatives en Belgique pour qu'un accord soit conclu, mardi, sur la composition d'un nouveau gouvernement marqué à droite et qui sera dirigé par le libéral Charles Michel.
Un peu plus de quatre mois après les législatives, la Belgique tient enfin son nouveau gouvernement après la conclusion d’un accord de coalition intervenu mardi 7 octobre entre quatre partis, dont les indépendantistes flamands et le parti libéral francophone. Ce dernier propulse Charles Michel, son président âgé de 38 ans, au poste de Premier ministre.
"Nous avons conclu un accord de gouvernement", a déclaré à la presse Charles Michel, en sortant d'une ultime séance de négociations marathon de 28 heures. "L'ensemble des partenaires a proposé que j'exerce la responsabilité de Premier ministre, je prendrai mes responsabilités (...) et l'équipe de gouvernement complète aura l'occasion de prêter serment dans les prochains jours devant le roi", a ajouté le fils de l'ancien commissaire européen et chef de la diplomatie belge Louis Michel à la télévision privée RTL-TVI.
Un seul parti francophone
Grâce à cet accord, le royaume fait l’économie d’une nouvelle crise politique, comme celle qui avait paralysé le pays après le scrutin de 2010, lorsqu'il avait fallu attendre un an et demi pour aboutir à un gouvernement. La coalition, marquée à droite et dite "suédoise" en raison de la couleur des partis qui la forment, est totalement inédite dans l'histoire de la Belgique. Elle sera composée de trois partis flamands, dont les nationalistes de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), le grand vainqueur des élections du 25 mai, qui entrent pour la première fois dans un gouvernement fédéral.
Il comprendra également les chrétiens-démocrates flamands du CD&V, qui ont préféré obtenir le poste de commissaire européen pour l'une des leurs, Marianne Thyssen, plutôt que celui de Premier ministre, et les libéraux flamands de l'Open VLD.
Côté francophone, il n'y aura qu'un seul parti, le Mouvement Réformateur (libéral) de Charles Michel. Le MR, qui n'avait recueilli qu'un quart des voix de l'électorat francophone, devrait obtenir sept portefeuilles ministériels, soit autant que l'ensemble des partis flamands, le gouvernement devant en Belgique compter autant de représentants des deux communautés.
Elio Di Rupo qualifie le gouvernement "d'ultra-doite"
Le nouveau gouvernement devrait être en fonction d'ici à la rentrée parlementaire, le 14 octobre. La Belgique devrait donc pouvoir présenter son budget à la Commission européenne le 15 octobre. L'accord prévoit "un cadre budgétaire qui amène le budget de la Belgique à l'équilibre en 2018", a expliqué M. Michel.
Le chef de la N-VA, Bart De Wever, ne devrait pas intégrer l'équipe gouvernementale afin de rester maire d'Anvers (nord). Bête noire de nombreux francophones, il a accepté de mettre de côté, au cours des cinq prochaines années, les revendications "communautaires" de la N-VA, un parti qui prône la disparition à terme de la Belgique et l'indépendance de la Flandre.
Pour le parti nationaliste, proche des milieux patronaux, le rejet dans l'opposition après 26 ans au pouvoir du Parti socialiste francophone est une victoire qui compense l'absence de nouvelle réforme de l'État dans les prochaines années. De son côté, le Premier ministre sortant, le socialiste Elio Di Rupo, a qualifié de gouvernement "d'ultra-droite".
Avec AFP