Alors qu'un couvre-feu nocturne venait d'être décrété, samedi soir, à Sanaa, après trois jours d'intenses violences, l'ONU a annoncé qu'un accord avait été trouvé entre le gouvernement yéménite et les rebelles chiites.
Après trois jours de violences intensives, un couvre-feu nocturne a été décrété, samedi 20 septembre au soir, dans quatre quartiers du nord-ouest de Sanaa. La capitale yéménite est le théâtre de combats entre rebelles chiites d'Ansarullah – dits Houthis – et partisans de la tribu sunnite al-Ahmar, l'un des clans les plus puissants du Yémen, fortement représenté au sein de l'état-major et du gouvernement.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a appelé, samedi, à un règlement politique de la crise via une médiation des Nations unies. Un appel qui semble avoir été entendu, puisque samedi soir, un "accord" a été trouvé pour résoudre la crise. "Cet accord sera un document national qui fera avancer la voie d'un changement pacifique [...]", a déclaré l'émissaire de l’ONU, Djamal Benomar, dans un communiqué. Les préparatifs sont en cours pour la signature, a-t-il précisé.
Le siège de la télévision en feu
Mais rien n’a encore été signé et les combats ont franchi un degré de violence ces derniers jours. Depuis jeudi, des dizaines de personnes ont été tuées parmi les protagonistes et au moins 22 Yéménites parmi les civils. Le campus de l’université de Sanaa a été touché par des obus, ainsi qu'un hôpital.
Le siège de la télévision publique, situé dans la zone des combats, a également été la cible de tirs samedi soir, provoquant la suspension pendant une heure des émissions des trois chaînes de la télévision. Les animateurs de ces stations ont lancé l’alerte à l’antenne. Ils ont appelé à l'aide en indiquant que plusieurs employés avaient été blessés et que les rebelles empêchaient les secours de les évacuer. Une partie du siège de l'audiovisuel public a pris feu.
Les combats ont par ailleurs provoqué, depuis vendredi, la suspension des vols des compagnies étrangères à l'aéroport de Sanaa, ainsi que la fermeture des écoles jusqu'à nouvel ordre et des universités jusqu'à la mi-octobre. Le plus grand marché de la capitale, le Souk Ali Mohsen est, quant à lui, fermé depuis trois jours, affectant l'approvisionnement en fruits et légumes des habitants.
La rébellion des Houthis, un défi sécuritaire
Depuis plus d'un mois, les rebelles houthis campent avec leurs partisans dans et autour de la capitale pour réclamer l'éviction du gouvernement - accusé de corruption -, un droit de regard sur la nomination des ministres et un accès à la mer. Une offensive jugée "inexcusable" par le président yéménite, qui l’avait qualifiée de "tentative de coup d'État".
La rébellion armée des Houthis, qui dure depuis des années dans le nord du Yémen, est l’un des trois problèmes en matière de sécurité auxquels est confronté le pouvoir yéménite, avec le mouvement sécessionniste dans le sud du pays et l’implantation sur une grande partie du territoire d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
Avec AFP et Reuters