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Trente heures après un fragile accord de cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, des tirs d'artillerie ont été entendus à Marioupol samedi soir, et de fortes explosions ont retenti à Donetsk dimanche matin, venant des abords de l'aéroport.

C’est la première violation d’importance de la trêve conclue vendredi. Après une journée relativement calme, malgré quelques tensions localisées, de fortes explosions ont retenti, samedi 6 septembre au soir, à l’est de Marioupol, port stratégique de l'est de l'Ukraine. La veille, les autorités ukrainiennes et les séparatistes pro-russes avaient signé un accord de cessez-le-feu à Minsk.

De nombreuses explosions ont retenti et une épaisse fumée était visible à l'horizon. Un point de contrôle jusqu'ici tenu par les forces loyalistes semblait en proie aux flammes. "Ce barrage a été l'objet de très nombreux tirs d'artillerie à partir de 22 h samedi soir, raconte Jonathan Walsh, envoyé spécial de France 24 sur place. Cette attaque a duré une demi-heure et a été très violente, d'après les témoignages qu'on a recueillis sur place."

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"Pour l’instant, à Marioupol, le cessez-le-feu semble tenir"

Le reporter parle également d'"une station essence en feu, de véhicules en feu sur le bas-côté de la route, les bas-côtés eux-mêmes étaient en flammes. On a également vu des ambulances sur ce barrage routier. Les soldats [ukrainiens] que nous avons vus sur place nous ont dit qu'il n'y avait pas de morts dans leurs rangs."

Un journaliste de Reuters a, lui, observé des camions se précipiter vers l'est de Marioupol, transportant des membres de milices pro-gouvernementales ayant l'air agité. Des chars et des véhicules blindés de transport de troupes se dirigeaient également dans la même direction.

La mairie de Marioupol, de son côté, a publié un communiqué faisant état d'un mort, une femme tuée par des tirs dans la nuit, ainsi que trois blessés. Dimanche matin, la situation à Marioupol était "calme et sous contrôle", ajoute la mairie.

"Écoutez le bruit du cessez-le-feu" à Donetsk

Du côté de Donetsk, la nuit a été calme mais des explosions régulières ont retenti dimanche matin au nord de la ville, et des colonnes de fumée noire étaient visibles dans le ciel. Ces détonations provenaient des abords de l'aéroport, contrôlé par les forces gouvernementales alors que la ville de Donetsk elle-même est aux mains des séparatistes pro-russes.

Des rebelles ont déclaré à Reuters que l'aéroport était vide et que les combats se concentraient désormais sur une installation militaire située à proximité. "Écoutez le bruit du cessez-le-feu", a plaisanté un rebelle en armes. "Une véritable bataille est en cours ici", a-t-il ajouté.

Samedi matin, rebelles et forces gouvernementales s'étaient mutuellement accusés d'avoir violé le cessez-le-feu, entré en vigueur vendredi à 15 h GMT, en tirant sur leurs positions respectives dans et autour des fiefs rebelles de Donetsk et Lougansk.

Poutine et Porochenko au téléphone

Plus tôt samedi, les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine s'étaient félicités au cours d'un entretien téléphonique que le cessez-le-feu signé vendredi à Minsk était "globalement respecté".

Destinée à mettre fin à un conflit de près de cinq mois dans cette région ayant fait, selon l'ONU, 2 600 morts et provoqué le départ d'un demi-million de réfugiés et déplacés, cette trêve avait été accueillie avec scepticisme par les Occidentaux. Ils n'ont d'ailleurs pas renoncé à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, accusée de porter atteinte à la "souveraineté de l'Ukraine".

L'accord de cessez-le-feu prévoit un échange de prisonniers, la création d'un corridor humanitaire et le maintien des belligérants sur leurs positions actuelles. Un succès pour les insurgés et la Russie, dans la mesure où l’accord semble entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est, après l'avancée victorieuse des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux.

Amnesty International dénonce

Dimanche, Amnesty International a renvoyé dos à dos les belligérants: "Toutes les parties au conflit se sont montrées indifférentes à l'égard de la vie des civils et négligent de manière flagrante leurs obligations internationales", a dénoncé le secrétaire général de l'association Salil Shetty.

Photos satellite à l'appui, Amnesty estime en outre qu'il apparaît "clairement que la Russie entretient le conflit, aussi bien par son ingérence directe que par le soutien qu'elle accorde aux séparatistes dans l'est de l'Ukraine".

Avec AFP et Reuters

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