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Une personne se suicide toutes les 40 secondes, affirme l'OMS

L'Organisation mondiale de la santé a publié, jeudi, un premier rapport exhaustif sur le suicide. Son objectif : accroître la prise de conscience de cette "tragédie" qui touche particulièrement les hommes et les jeunes.

Les chiffres donnent le vertige : plus de 800 000 personnes mettent fin à leurs jours chaque année dans le monde, soit un suicide toutes les 40 secondes, alerte l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son premier rapport exhaustif sur cette question, publié jeudi. Les tentatives seraient, elles, vingt fois plus nombreuses. "Une tragédie", dénonce la directrice générale de l'OMS Margaret Chan.

Surtout que ces chiffres sont probablement sous-évalués, note l'étude qui se base sur dix années de données et de recherches sur le sujet dans tous pays. "Comme le suicide est un sujet sensible, et parfois même illégal dans certains pays, il est fort probable que le phénomène soit sous-estimé dans certains États", peut-on lire. Certains requalifient parfois le suicide "comme accident ou autres causes de décès" dans leurs statistiques. 

Deux fois plus de suicides chez les hommes

Selon les données de 2012, le taux de suicide dans le monde a été de 11,4 pour 100 000 habitants. Parmi les pays les plus affectés figurent la Guyana (44,2 pour 100 000), la Corée du Nord (38,5) suivi de son voisin du Sud (28,9) et du Sri Lanka (28,8). Vient ensuite la Lituanie (28,2), premier pays d'Europe à figurer au classement. Sur le continent africain, le Mozambique et la Tanzanie occupent respectivement la 7e et 9e place mondiale avec un taux de 27,4 pour 100 000 et 24,9 pour 100 000. 

Le taux de suicide est relativement comparable dans les pays riches (12,7 pour 100 000) et dans les pays à revenu faible et intermédiaire (11,2 pour 100 000), pointe également l'étude même si les motivations semblent toutefois différentes : dans les pays les plus aisés, les troubles mentaux tels que la dépression représentent jusqu'à 90 % des suicides contre 60 % pour la Chine ou l'Inde. Dans les zones les plus démunies, une guerre ou une catastrophe naturelle peuvent inciter à passer à l'acte. 

À l'échelle mondiale, l'OMS recense deux fois plus de suicides chez les hommes que chez les femmes. Les taux les plus élevés sont enregistrés chez les personnes âgées de plus de 70 ans, dans pratiquement toutes les régions du monde. Mais les jeunes ne sont pas épargnés car il s'agit de la 2e cause de mortalité chez les 15-29 ans. À noter que dans la plupart des cas, les gens passent à l'acte en avalant des insecticides, se tuent par pendaison ou par armes à feu.

"Problème de santé publique"

Avec ce rapport de près de 100 pages, l'OMS espère ainsi "accroître la prise de conscience" sur ce sujet "tabou". Il s'agit d'un "problème de santé publique majeur auquel il faut s'attaquer impérativement, sans plus attendre", affirme le rapport. 

Si les États membres de l'OMS se sont engagés à réduire de 10 % leur taux de suicide d'ici à 2020, l'ONG entend les inciter à aller plus loin en faisant de la prévention une des priorités nationales de santé publique. Actuellement, 28 pays seulement ont mis en place des plans d'action. 

"Des interventions et un traitement efficaces et opportuns peuvent contribuer à prévenir le suicide et les tentatives de suicide", ajoute l'OMS. L'étude a recensé des facteurs de risques qui, cumulés, peuvent accentuer la vulnérabilité d'une personne au comportement suicidaire. Elle évoque notamment l'accès facile à des moyens de suicide.

L'OMS en profite pour dénoncer les "descriptions inappropriées ou sensationnalistes du suicide dans les médias", qui ne font qu'accroître le risque de suicide mimétique. L'usage des médias sociaux pourrait toutefois "constituer une stratégie universelle de prévention du suicide", pointe l'OMS. Et de proposer à titre d'exemple "des forums de discussion en ligne avec des professionnels" ou "une thérapie en ligne".

Avec AFP

Tags: Santé, Suicide, OMS,