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L’Égypte et les Émirats soupçonnés d'avoir mené des raids en Libye

Des officiels américains cités par le "New York Times" affirment que l’Égypte et les Émirats sont derrière les frappes qui ont visé des milices islamistes à Tripoli ces derniers jours. Le Caire avait démenti dimanche être impliqué dans ces raids.

L’Égypte et les Émirats arabes unis seraient bien les auteurs des frappes "mystérieuses" contre des positions des milices de Misrata, alliées du camp islamiste en Libye, d’après quatre officiels américains cités lundi 25 août, dans un article du "New York Times".

Des raids aériens ont en effet visé à plusieurs reprises ces derniers jours les milices de Misrata. Le groupe visé, baptisé "Fajr Libya" (Aube de la Libye), s’est emparé, samedi, de l’aéroport de Tripoli au terme de dix jours d’intenses affrontements avec les milices de Zintan, soutenues par le camp libéral dans le pays.

Les États-Unis "pris par surprise"

Les officiels américains, qui ont révélé l’information au "New York Times", affirment que les États-Unis ont été "pris par surprise", et que l’Égypte et les Émirats, pourtant des alliés militaires de Washington au Moyen-Orient, ont agi sans informer l’administration Obama.

D’après les mêmes sources, les diplomates américains désapprouvent ces frappes, qui pourraient selon eux enflammer davantage le conflit en cours en Libye, dont on craint qu’il ne débouche sur une longue guerre civile.

Un porte-parole du groupe "Fajr Libya" avait également accusé samedi soir les Émirats arabes unis et l’Égypte d’être à l’origine de ces bombardements. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a répondu dimanche par un démenti catégorique, dénonçant des "accusations sans fondement".

Le président Abdel Fatah al-Sissi avait renchéri un peu plus tard dans l’après-midi, assurant face à un groupe de journalistes qu’il n’y avait "pas de troupes ni d’avions égyptiens en Libye".

Le 19 juillet dernier, un commando armé avait attaqué un checkpoint de l’armée égyptienne près de la frontière avec la Libye, tuant 21 soldats. Cette attaque avait relancé le débat sur les menaces que le chaos libyen représente pour son voisin, et sur l’opportunité d’une intervention militaire égyptienne en Libye.

L'inquiétude du Caire

Le Caire craint en effet que la Libye ne devienne un refuge pour les groupes islamistes armés qui attaquent régulièrement les policiers et soldats égyptiens, depuis le coup de force de l’armée contre le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

Le pire scénario, du point de vue du Caire, serait que les islamistes s’emparent du pouvoir en Libye : le régime égyptien, lui-même engagé dans une répression tous azimuts contre les Frères musulmans et leurs alliés, se retrouverait alors avec un pouvoir hostile à sa frontière.

Cette intervention égypto-émiratie en Libye est révélatrice du bras de fer engagé dans plusieurs pays de la région, depuis les révolutions arabes, entre les islamistes d’un côté et les militaires alliés aux représentants des anciens régimes autocratiques, de l’autre.

Les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye – Tunisie, Algérie, Egypte, Tchad, Niger et Soudan – se sont réunis au Caire lundi 25 août pour discuter des violences en cours dans le pays pétrolier. Dans un communiqué final, ils se sont prononcés contre toute intervention étrangère en Libye, appelant au contraire à ouvrir un dialogue national pour tenter de mettre un terme au chaos actuel.