Le général Prayuth Chan-ocha, chef de l'armée thaïlandaise et homme fort de la junte au pouvoir depuis le 22 mai en Thaïlande, a été désigné Premier ministre, jeudi, par une Assemblée nationale dont les membres ont été nommés par les militaires.
Le chef de la junte militaire au pouvoir en Thaïlande a été désigné Premier ministre, jeudi 21 août, par une assemblée non-élue dominée par les militaires. Âgé de 60 ans, le général Prayuth Chan-ocha, seul candidat en lice, a bénéficié du vote de 191 membres de l'Assemblée nationale contre seulement trois abstentions, lors d'un rapide scrutin diffusé à la télévision.
Cette élection de l'homme fort de la junte doit être rapidement soumise à l'approbation du roi de Thaïlande, Bhumibol, âgé de 86 ans, qui n'apparaît quasiment plus jamais en public. Les militaires ont prévenu que la junte, baptisée Conseil national pour la paix et l’ordre, serait maintenue en parallèle au gouvernement.
Homme à poigne, le général Prayut n'avait pas hésité, ces dernières années, à se mêler de politique, justifiant ses interventions par la défense de la Nation et de la monarchie. Dans sa grand-messe télévisée hebdomadaire baptisée "Rendre le bonheur au peuple", il ne faisait pas mystère, depuis des semaines, de ses ambitions. En troquant son habituel uniforme kaki pour un costume cravate, il avait donné l'impression dès lundi d'endosser les habits de Premier ministre lors de sa présentation du budget 2015 devant cette même Assemblée nationale.
Le général Prayuth "aura tous les pouvoirs"
Ce passage du général Prayut au poste de Premier ministre intervient à un moment clef, alors qu'il devait prendre sa retraite de chef de l'armée de terre en septembre 2014. Le militaire dit vouloir entreprendre une série de réformes pendant un an avant d’organiser des élections d’ici fin 2015. "Il a réalisé un coup d'État. Il doit prendre la responsabilité de résoudre tous les problèmes par lui-même. En devenant Premier ministre, il aura tous les pouvoirs", avait déclaré à l'AFP un responsable de la junte, sous couvert de l'anonymat, à la veille de cette élection sans surprise.
Arrivés au pouvoir par un coup d'État, les militaires ont fortement réduit les libertés civiques depuis leur renversement du dernier gouvernement civil élu, le 22 mai. L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir pour mettre un terme à plus de six mois de manifestations meurtrières contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, sœur de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Mais certains accusent la junte d'avoir utilisé cette situation comme prétexte pour se débarrasser de l'influence de Thaksin, renversé par le précédent putsch en 2006 et qui reste malgré son exil la figure de division du royaume. Les élites traditionnelles, dont l'armée, le considèrent comme une menace à la royauté, selon les experts.
Avec AFP et Reuters