Moscou a appelé samedi à des mesures urgentes pour venir en aide aux habitants de l’est de l’Ukraine, où les séparatistes pro-russes se disent prêts à un cessez-le-feu. Washington et Berlin rejettent toute "intervention humanitaire" russe.
La Russie a lancé samedi 9 août un appel à des "mesures urgentes" pour empêcher une "catastrophe humanitaire" dans l'est de l'Ukraine. A Donetsk, les séparatistes pro-russes encerclés par l’armée ukrainienne se sont dit prêts à un cessez-le-feu, si cela leur permettait d'obtenir une telle aide.
Barack Obama et Angela Merkel ont toutefois prévenu que toute intervention russe sans consentement de l'Ukraine, même présentée comme une mission humanitaire, serait une violation du droit international. Les deux chefs d’Etat ont mis en garde contre les "conséquences" d’une telle intervention.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est entretenu samedi par téléphone avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et a prôné des "mesures urgentes pour empêcher une catastrophe humanitaire imminente dans les régions du sud-est" de l'Ukraine. Le chef de la diplomatie russe rapporte que "John Kerry a confirmé qu'un travail en ce sens était en cours avec les autorités de Kiev".
Aide humanitaire ou intervention militaire?
Les autorités ukrainiennes, dont les forces ont progressé face aux séparatistes depuis le début de l'été, et les pays occidentaux soupçonnent la Russie de vouloir se servir du prétexte d'une urgence humanitaire pour venir en aide militairement aux rebelles pro-russes dans l’est de l’Ukraine.
Le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont convenu samedi au cours d'un échange téléphonique que "toute intervention russe en Ukraine, même pour de prétendues raisons humanitaires, sans le consentement et l'autorisation officiels et formels du gouvernement de l'Ukraine est inacceptable, contraire au droit international et entraînera des conséquences supplémentaires", a rapporté la Maison blanche.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont déjà adopté depuis mars plusieurs séries de sanctions contre la Russie en raison de son attitude dans la crise en Ukraine.
Les pro-russes craignent des pénuries
Face à la progression des forces gouvernementales, les séparatistes pro-russes qui ont pris les armes en avril sont essentiellement retranchés à Donetsk et à Louhansk, deux grandes villes proches de la frontière russe.
Premier ministre de la république populaire autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko a déclaré samedi que la nourriture, l'eau et l'électricité risquaient de venir à manquer dans cette ville d’environ un million d'habitants en temps normal.
"Nous sommes prêts à un cessez-le-feu pour empêcher la propagation d'un désastre humanitaire dans le Donbass", a-t-il dit en référence à la région de l'est de l'Ukraine où se concentrent les combats.
Les autorités ukrainiennes se sont dites disposées à observer une trêve par le passé, à condition que les séparatistes déposent les armes.
Kiev affirme qu’un convoi militaire russe est proche de la frontière
Auparavant, Valéry Tchali, un proche collaborateur du président Petro Porochenko, a affirmé qu'un vaste convoi militaire russe se présentant comme une mission humanitaire s'était dirigé vendredi en direction de la frontière dans le cadre d'un prétendu accord avec la Croix-Rouge.
Porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova a qualifié les déclarations ukrainiennes de "contes". Interrogé au téléphone, Dmitri Peskov, porte-parole du président russe Vladimir Poutine, a abondé dans ce sens : "Nous ne savons pas de quoi (les Ukrainiens) parlent car rien de cela ne s'est produit."
Le ministère russe de la Défense a cependant annoncé vendredi la fin de manœuvres militaires dans le sud de la Russie, près de la frontière.
Avec Reuters, AFP