Devant l’exode massif de chrétiens fuyant la férule de l'EIIL, l'ONU doit entamer des consultations sur la situation du pays. À France 24, le père Sabri Anar, de l’église chaldéenne Saint-Thomas-Apôtre, pointe l’urgence de la situation.
Après la chute de Qaraqosh, attaquée mercredi 6 août par les djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le patriarche chaldéen Louis Sako a affirmé que 100 000 chrétiens avaient été contraints à l'exode et parlé de "désastre humanitaire". À la demande de la France, le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir ce jeudi soir à New York des consultations en urgence sur la situation dans le pays. Le pape François a quant à lui lancé un appel urgent à la communauté internationale pour "protéger" les populations chrétiennes du nord de l'Irak.
Membre du comité de soutien aux chrétiens d’Irak, le père Sabri Anar, de l’Église chaldéenne Saint-Thomas-Apôtre, à Sarcelles, explique sur France 24 l’urgence de la situation.
France 24 : Vers où et comment ont fui les chrétiens d’Irak ?
Père Sabri Anar : Ils ont fui vers le Kurdistan irakien, dans de grandes villes comme Erbil. Ceux qui ont fui n’ont que leurs pieds. Certains marchent pendant 30, 40 ou 50 kilomètres dans le désert pour atteindre une ville sûre. Ils ont été obligés de laisser leur maison derrière eux, ils n’ont pas le choix. Jusqu’à présent, ils étaient protégés par les peshmerga, les forces armées du Kurdistan irakien. Mais ceux-ci, ne pouvant plus faire face aux djihadistes, se sont dirigés vers les grandes villes près de la frontière nord.
Comment sont-ils accueillis dans les villes qu’ils rejoignent ?
Certains restent dans le désert, se protégeant comme ils peuvent, parfois à l’abri d’un arbre. D’autres parviennent dans des villes où ils sont accueillis par les communautés locales, par des associations et par l’Église. Mais aujourd’hui, on sait que face à cet exode massif, l’accueil des ONG ou de la communauté internationale n’est pas assez important sur place. Du coup, certains meurent de soif ou par manque de médicaments.
Qu’attendez-vous de la réunion d’urgence de l’ONU qui doit se tenir ce jeudi à New York ?
Nous espérons qu’il y a aura des mesures d’urgence qui seront prises pour, tout d’abord, sécuriser la région, puis, pour apporter une aide humanitaire. On sait que dans des situations comme celles-ci, les 48 premières heures ont une grande importance. Là-bas, il y a beaucoup d’enfants, des personnes âgées, elles sont fragiles et dans la chaleur du désert, qui peut atteindre 40-50 degrés, ils ne peuvent pas vivre longtemps.