L’offre soumise jeudi par Iliad, maison mère de Free, pour prendre le contrôle de l’opérateur américain T-mobile a surpris aux États-Unis. Ils se demandent qui est ce "petit Frenchie" qui veut une part du gâteau américain.
Grasp, damn, shocked. Les Français ne produiraient pas que du vin, du fromage et des grèves ? Ils auraient donc aussi des “tycoons” (magnats) capables de faire une offre pour prendre le contrôle d’un géant de télécoms comme T-Mobile (quatrième opérateur américain avec 50 millions d’abonnés).
La décision d’Iliad, maison mère de Free, de tenter de faire main basse sur T-Mobile et récupérer une part du gâteau américain pour 15 milliards de dollars a surpris de l’autre côté de l’Atlantique. C’est le moins que l’on puisse dire. Jusqu’à présent, seul Sprint, le troisième opérateur téléphonique aux États-Unis, s’était déclaré intéressé pour acquérir son concurrent direct.
“Self-made man” et minitel rose
Le sentiment général est parfaitement résumé par le site Re/Code, fondé par d’anciens journalistes stars du “Wall Street Journal”, qui s’interroge “What the hell is Iliad ?” (“Mais qu’est-ce que c’est qu’Iliad ?”). “Vous ne connaissez pas Iliad ? Je peux difficilement vous blâmer pour cela”, ajoute Pascal Emmanuel-Gobry, un auteur et analyste d’origine française spécialisé dans les nouvelles technologies, sur le site américain Citeworld.
Passé le premier choc, la presse américaine s’est penchée sur le cas de Free et de son fondateur Xavier Niel. Le “Wall Street Journal” souligne que l’homme d’affaires est un “self-made man”, une valeur qui compte au pays du “rêve américain”. Aucun média ou presque n’a, en outre, manqué l’occasion de rappeler les débuts de Xavier Niel dans le minitel rose, une autre valeur qui compte au pays des "Wasp" friands de détails croustillants.
Les qualificatifs dont Xavier Niel se voit affublé outre-Atlantique n’ont pas dû l'étonner plus que ça. Ce sont peu ou prou les mêmes qui l’ont accompagné, dans l’Hexagone, tout au long de son ascension au panthéon des plus grands entrepreneurs français. Aujourd'hui neuvième fortune de France, il est qualifié de “franc-tireur” des télécoms par la chaîne Bloomberg et de "rebelle" par le VentureBeat.
Vraiment sérieux ?
Une manière, pour les commentateurs américains, de résumer la politique de Free consistant à chambouler le marché en imposant des forfaits à bas-coût. Cette guerre des prix dont le quatrième opérateur français est le spécialiste semble d’ailleurs plaire outre-Atlantique. “Il offre des forfaits à 20 euros qui incluent les appels, SMS illimités ainsi que 20 gigabits de données, T-Mobile propose la même chose pour 80 dollars (60 euros)!”, s’enthousiasme le site PCmag.
Mais la ferveur reste néanmoins très mesurée. Et pour cause : peu sont ceux qui croient qu’Iliad peut gagner son duel face à Sprint. “Iliad semble trop petit pour gérer un groupe comme T-mobile”, affirme le site financier The Street. L’opérateur américain a “environ cinq fois plus d’abonnés et sa capitalisation est deux fois plus importante que celle d’Iliad”, rappelle le site. Le “New York Times” croit savoir que Deutsche Telekom, le groupe allemand qui détient T-mobile, a déjà rejeté l’offre d’Iliad.
“The Street” considère, de son côté, que l’offre du groupe français viserait essentiellement à forcer Sprint à mettre davantage d’argent sur la table. Pour Xavier Niel, qui n’est jamais contre un petit coup d’éclat médiatique, c’est aussi une bonne occasion de se faire mieux connaître aux États-Unis. Un marché avec seulement quatre opérateurs pour 500 millions d’habitants qui, comme le souligne “Les Échos”, apparaît comme un “eldorado pour un opérateur européen”.