
Invité de France 24, Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, a livré ses analyses sur les conflits au Proche-Orient depuis l’offensive israélienne dans la bande de Gaza jusqu’à l’instauration d’un "califat" par les djihadistes de l’EIIL au nord de l’Irak.
Gilles Kepel, spécialiste de l’islam et du monde arabe, professeur de sciences politiques à Science-Po Paris, est revenu sur les conflits qui déchirent actuellement le Proche-Orient. Il a notamment détaillé l’opération israélienne "Bordure protectrice" , qui a conduit à la mort de plus de 1 000 Palestiniens dans la bande de Gaza depuis le 8 juillet. Selon lui, l’État hébreu traîne une "image désastreuse" , dont se sert le Hamas.
"Plus le mouvement islamiste tire [de roquette], plus Israël réplique et plus le Hamas remporte une victoire symbolique et politique", explique-t-il. Les images "terribles" des morts civils gazaouis scandalisent la communauté internationale, galvanisent le Hamas et le confortent dans son rôle de "résistant palestinien" tandis qu’Israël "accroît son isolement".
Pourtant, le mouvement islamiste est en position de faiblesse, poursuit l’expert. "Ses tunnels avec l’Égypte ont été fermés par le maréchal Sissi, il n’a plus d’argent, il n’a plus le soutien du Hezbollah occupé en Syrie, il n’a pas non plus l’Iran à ses côtés, gêné par ses négociations avec les Américains sur le nucléaire", précise Gilles Kepel.
Le spécialiste du monde arabe a ensuite analysé le rôle de l’EIIL au nord de l’Irak. Ce mouvement d’islamistes sunnites a instauré un "califat" sur un territoire à cheval sur la Syrie et l’Irak. "Mais ce dernier ne fait pas l’unanimité. Le problème avec les califes, c’est qu’il y a des Iznogoud partout", précise le spécialiste. Surtout, rappelle-t-il, l’arrivée des djihadistes de l’EIIL a servi les intérêts de Bachar al-Assad en Syrie. Le dictateur alaouite incarne aujourd’hui une moindre barbarie face aux nombreuses exactions commises par le mouvement islamiste.
Pour finir, Gilles Kepel a donné son point de vue sur les manifestations pro-palestiniennes qui se sont déroulées à Paris la semaine dernière. Il a dénoncé les débordements et les propos antisémites qui ont parfois gâchés les rassemblements. "Mais la question la plus préoccupante [concernant la France] reste de savoir comment des djihadistes français, endoctrinés en Irak ou en Syrie, pourraient commettre des attentats sur le sol français ?"