logo

L’ONU au chevet de la planète : un nouveau sommet pour rien ?

L’ONU vient de se doter d’une nouvelle Assemblée générale pour l’environnement qui se réunit à Nairobi jusqu’au 27 juin. L’un de ses porte-voix assure qu’il s’agit d’un "événement historique" qui débouchera à coup sûr sur des actions concrètes.

Faire de l'écologie un sujet aussi important que la paix, la sécurité, le commerce ou la santé. Tel est l’ambitieux objectif du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui organise pour la première fois, du 23 au 27 juin, sa propre Assemblée générale à Nairobi. Quelque 1 200 délégués et représentants des gouvernements d'environ 160 pays, ainsi que des experts de haut niveau, ont fait le déplacement dans la capitale kényane pour cette réunion qui aura lieu tous les deux ans.

Jusqu’à présent, le PNUE - créé en 1972 lors de la première conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm - n’était doté que d’un Conseil d’administration composé de 58 pays. Désormais, l'ensemble des 193 États membres sont appelés à participer et voter lors de cette Assemblée des Nations unies pour l'environnement (UNEA). Il s’agit de "l'organe onusien de plus haut niveau jamais réuni sur l'environnement", estime l'ONU qui qualifie l'ouverture des travaux de l’UNEA d'"événement historique".

  • Une énième conférence climatique ? En quoi cette Assemblée est différente ?

Un "événement historique", donc, mais pas forcément du point de vue de l’opinion publique, pour qui cette initiative s’apparente plutôt à l’un de ces trop nombreux rendez-vous pour hauts-dignitaires croyant sauver la planète. Pas de quoi freiner l’optimisme d’Ibrahim Thiaw, le directeur adjoint du PNUE joint par FRANCE 24 : "Toutes ces conférences pour la planète peuvent effectivement être lassantes pour certains, mais elles sont absolument essentielles, selon moi. Il en faudrait même encore plus, car on n’arrivera pas à résoudre le problème environnemental uniquement en portant des œillères !" estime-t-il.

Ce qui différencie l’UNEA des autres événements du même genre, c’est qu’elle détient un réel pouvoir, selon Ibrahim Thiaw, puisque cette Assemblée peut accoucher de propositions de résolutions qui seront directement étudiées à l’Assemblée générale des Nations unies. "Même si avant d’arriver à un décret ou un accord, il faut énormément de négociations, les Nations unies demeurent aujourd’hui le cadre idéal pour discuter et faire avancer le débat", assure-t-il.

  • Quels thèmes prioritaires ont été définis pour cette année ?

Pour cette toute première Assemblée des Nations unies pour l'environnement, le PNUE a décidé de mettre l’accent sur deux thématiques. "L’une concerne les objectifs du développement durable qui sont justement en cours de négociations à New York ; l’autre traite du braconnage et l’exploitation illicite des ressources naturelles. Ce sont les deux thèmes qui font l’objet de débat ministériels à Nairobi", explique Ibrahim Thiaw.

"Nous avons actuellement la certitude que plusieurs groupes rebelles et même des groupes terroristes sont alimentés par ce commerce illicite des ressources naturelles, ce qui a des conséquences directes sur d’autres trafics comme celui des armes." Selon lui, l'exploitation illicite des ressources naturelles coûte aux pays en développement 200 milliards de dollars par an, en moyenne, alors que l’aide publique au développement qui leur est allouée se situe autour des 130 milliards de dollars. Il estime que "les crimes environnementaux doivent être considérés au même titre que le commerce illicite de la drogue ou le commerce des êtres humains."

  • Peut-on attendre des mesures concrètes de la part de l’UNEA ?

La première session de l’Assemblée doit aboutir à une "série de décisions qui coucheront sur le papier des mesures concrètes pour s'attaquer aux problèmes environnementaux clés discutés" à Nairobi. Mais même au sein des Nations unies, ce discours ne semble pas convaincre. La Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (Cites, organisation liée à l'ONU) a appelé, lundi, à agir plutôt qu'à discourir sur le combat contre le braconnage, notamment celui des éléphants d'Afrique et des rhinocéros qui a explosé depuis la fin des années 2000, alimenté par une forte demande d'ivoire en Asie et au Moyen-Orient. "En fin de compte, ce combat sera gagné ou perdu sur la ligne de front - que ce soit sur le terrain, dans les tribunaux ou sur les marchés - pas dans les salles de conférence", a alerté John Scanlon, directeur de la Cites.

Le PNUE a donc encore tout à prouver, d’autant que l’échec cuisant des récentes conférences environnementales de l’ONU, comme la tristement célèbre COP15 de Copenhague en 2009, laisse peu de place à l’espoir de voir les interminables négociations onusiennes se muer, un jour, en réelles actions politiques.