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Le rapporteur du Conseil d’État préconise de laisser mourir Vincent Lambert

Le rapporteur public du Conseil d'État, Rémi Keller, recommande, après de nombreuses expertises médicales, de cesser d'alimenter et d'hydrater Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif chronique depuis six ans. Une première en France.

Le rapporteur du Conseil d'État s'est prononcé, vendredi 20 juin, contre le maintien en vie de Vincent Lambert, un homme en état végétatif depuis six ans. Une première en France.

Vendredi en fin de matinée, lors de l'audience du Conseil d’État qui doit arbitrer sur la fin de vie de Vincent Lambert, Rémi Keller a en effet recommandé l'annulation de la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, qui s'était prononcé pour le maintien en vie de Vincent Lambert : "Nous ne proposerons pas de confirmer le jugement du tribunal", a-t-il estimé, avant d’ajouter : "La décision d'interrompre le traitement correspond aux conditions de la loi de 2005", un texte qui proscrit l'acharnement thérapeutique.

Le rapporteur rappelle que, d’après une nouvelle expertise médicale demandée en février par le Conseil d'État, "Vincent Lambert est en état végétatif totalement inconscient". "Le traitement n'a pas d'autre effet que de le maintenir artificiellement emmuré dans son état", ajoute-t-il. En février, la plus haute juridiction administrative française avait promis une décision "avant l'été". Le Conseil d’État se prononcera définitivement mardi 24 juin.

Vincent Lambert, 39 ans, tétraplégique, est en état végétatif chronique depuis six ans. Depuis un an, sa famille se déchire sur son maintien en vie ou non. En mai 2013, après plusieurs mois de réflexion, le CHU de Reims, où il est hospitalisé, avait pris la décision d'arrêter de l'alimenter et de l'hydrater artificiellement.

Une famille déchirée

L’annonce du rapporteur du Conseil d’État conforte la femme de Vincent Lambert, qui, soutenue par plusieurs frères et sœurs de son mari et une grande majorité du corps médical, milite contre le maintien en vie de son époux en raison du caractère irréversible des lésions dont il souffre. Les parents en revanche, catholiques traditionalistes, se battent pour que l’alimentation et l’hydratation artificielles de leur fils se poursuive.

Sur les sept médecins consultés au moment où le CHU de Reims avait décidé d'arrêter d’alimenter Vincent Lambert, seul un médecin - proposé par les parents - avait plaidé pour un maintien en vie. Suite à la décision de l’hôpital, les parents avaient saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. L’épouse et le neveu de Vincent Lambert ont ensuite saisi à leur tour le Conseil d'État afin de faire annuler le jugement du tribunal administratif.

Cette affaire intervient en plein débat sur une éventuelle réforme de la loi Leonetti sur la fin de vie. En début d'année, le président François Hollande avait annoncé qu’un travail serait fait pour écrire un nouveau texte autorisant, dans un cadre "strict", une personne majeure atteinte d'une maladie incurable de demander une "assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité".

Avec AFP