Le gouvernement a présenté son projet de loi sur la réorganisation de la SNCF aux parlementaires mardi soir. Moins nombreux mais déterminés, les grévistes qui s'y opposent durcissent leurs actions.
Le gouvernement présente mardi 17 juin son projet de réforme ferroviaire à l'Assemblée nationale en dépit des appels de la CGT et de SUD-Rail à repousser l'examen du texte, au septième jour d'une grève des cheminots qui s'enlise.
Les assemblées générales de cheminots en grève ont reconduit mardi de 24 heures supplémentaires le mouvement lancé il y a une semaine par la CGT-Cheminots et SUD-Rail pour protester contre la réforme ferroviaire. Des milliers de cheminots se sont rassemblés place des Invalides au milieu des fumigènes pour "faire pression sur les députés".
Ils ont été rejoints par le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon, pour qui l'État et la SNCF "mentent" sur les objectifs de la réforme. Celle-ci n'a pour but, selon lui, que de préparer l'entreprise à l'ouverture à la concurrence du rail. "Si la politique de Manuel Valls, c'est de ne pas écouter ce que peuvent dire les salariés dans l'intérêt du service public ferroviaire, je pense qu'il prend un risque majeur", a-t-il déclaré.
Voies occupées
À Lille, des cheminots ont occupé le hall de la mairie, tandis qu'à Paris, des grévistes occupaient des voies de la gare Montparnasse aux cris de: "Ca va péter, ça va péter" ou "Au cul, au cul, au Cuvillier, si tu savais où ta réforme on se la met !", faisant allusion au secrétaire d'État aux Transports, Frédéric Cuvillier.
Toutefois, ce conflit devient impopulaire, à en croire un sondage Harris Interactive publié mardi par "Le Parisien". Il montre que 76 % des Français condamnent la grève, qui a déjà coûté entre 80 et 100 millions d'euros à la SNCF, selon son président Guillaume Pepy. Le taux de grévistes est tombé mardi à 14,1 %, à peu près le même chiffre que lundi, contre 27,64 % il y une semaine, selon la direction de l'entreprise, pour qui le trafic s'améliore de jour en jour. Sept trains sur dix en moyenne circulaient mardi sur les grandes lignes et six sur dix pour les Trains express régionaux (TER).
itLe projet de loi prévoit la création d'un groupe public industriel intégré nommé "SNCF" qui chapeauterait "SNCF Réseau", le gestionnaire d'infrastructure - l'actuel Réseau ferré de France (RFF) - et "SNCF Mobilités", qui exploitera les trains. Les syndicats grévistes souhaitent un retour à la situation d'avant 1997, soit un seul établissement public, et la reprise de la dette ferroviaire de 44 milliards d'euros par l'État.
L'opposition divisée sur la réforme
La réforme présentée par Frédéric Cuvillier, secrétaire d'État aux Transports, est soutenue par les socialistes, les radicaux de gauche et les écologistes. Le Front de gauche, opposé au texte en l'état, défendra une soixantaine d'amendements.
L'opposition de droite, elle, est divisée. Le groupe UDI (centriste) est plutôt favorable à ce texte. "Nous étions défavorables au texte initial mais il a considérablement évolué dans le bon sens en commission", a expliqué son porte-parole, Jean-Christophe Lagarde.
Le groupe UMP reste majoritairement opposé à la réforme, a annoncé Christian Jacob, président du groupe à l'Assemblée, mais plusieurs députés sont partisans d'une abstention, voire d'un vote favorable, comme Frédéric Lefebvre. Le groupe a déposé une quarantaine d'amendements mais fera en sorte que les débats "ne s'éternisent pas", a précisé son président.
Les syndicats CFDT et UNSA, opposés à la grève, soutiennent eux aussi des amendements parlementaires pour modifier le texte.
Avec AFP et Reuters