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Les Espagnols dans la rue pour un retour à la République

Quelques heures après l'abdication du roi Juan Carlos au profit de son fils, le prince Felipe, des milliers de personnes ont manifesté lundi soir contre la monarchie et pour le retour à la République dans les grandes villes espagnoles.

Sur Twitter, on ne compte plus la déferlante de messages en faveur de la #republica, contenant le mot-clé #aporlatercera (Pour la troisième République) ou encore #FelipeNoSerasRey (Felipe, tu ne seras pas roi).

Et dans les rues espagnoles, on ne comptait plus les drapeaux violet, jaune et rouge de la Seconde république espagnole, proclamée en 1931, brandit par des milliers de manifestants réclamant la fin de la monarchie espagnole après l'abdication du roi Juan Carlos, lundi 2 juin, à l'âge de 76 ans.

"L'Espagne, demain, sera républicaine !", hurlaient les manifestants, dont certains étaient juchés sur la bulle de losanges en verre de la bouche de métro de la Puerta del Sol à Madrid.

"Plus de roi, un référendum", "les Bourbons aux élections" ou encore "Transition royale... Sans roi", pouvait-on lire sur les pancartes.

Les protestataires répondaient à l'appel de plusieurs partis politiques et organisations de gauche ou écologistes, qui espéraient qu'il y aurait des rassemblements similaires dans une quarantaine d'autres villes d'Espagne.

Todo el mundo con las banderas republicanas al balcón!! Porque #FelipeNoSerásRey está tarde todas a Sol!! pic.twitter.com/DHlApNGYcR

— Carlos MartínezNúñez (@carlosmarnu) 2 Juin 2014

"Je pense que ce serait un bon moment pour proclamer une République", a affirmé Paola Torija, une thérapeute pour handicapés âgée de 24 ans, tandis que la place de la Puerta del Sol peinait à contenir la foule.

Craignant des débordements, la police de Madrid avait fermé les accès au Palais royal, à environ 300 mètres de la Puerta del Sol. Le roi Juan Carlos "a eu son heure de gloire, mais aujourd'hui, [la monarchie] c'est un peu archaïque, un peu inutile, un coût élevé surtout dans la situation de crise que nous vivons", a-t-elle estimé.

Mañana diréis que éramos 5 o 6. #ElReyAbdica #IIIRepública #TerceraRepublica #FelipeNoSerasRey pic.twitter.com/gMMLLg4DNr

— #IIIRepública (@Enbocabierta) 2 Juin 2014

"Je suis ici parce que je veux élire mon chef de l'État", a renchéri Daniel Martin, un étudiant de 25 ans en master de sociologie de l'université Complutense de Madrid, rappelant les attributions du roi d'Espagne, qui est à la tête de l'État depuis près de 40 ans et dirige les armées."Je ne vais pas attendre encore 40 ans pour retrouver cette situation. Nous devons changer maintenant", a-t-il dit.

Pour lui, le prince Felipe, qui doit accéder au trône, "n'a aucune légitimité. Le roi tient sa légitimité au moins grâce à la transition" démocratique qu'il a menée après la dictature franquiste (1939-1975). Là, il a été utile, mais après non", a-t-il tranché.

Une réunion "extraordinaire" doit se tenir mardi 3 juin pour entériner l'abdication du roi Juan Carlos. Un amendement à la Constitution est en effet nécessaire pour valider ce processus.