Peter Mutharika, ex-ministre des Affaires étrangères, a officiellement été investi à la présidence du Malawi samedi, à l'issue d'un scrutin qualifié de chaotique par les observateurs. La commission électorale avait constaté des irrégularités.
L'ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika a été investi président du Malawi samedi 31 mai, au terme d’une élection chaotique. "Ça a été un long voyage, mais grâce à l'aide de Dieu, nous voici ici. [...] Je me sens très honoré", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie à la Haute Cour de Blantyre, la capitale économique, appelant ses 11 adversaires à la présidentielle à le "rejoindre pour reconstruire le pays".
Peter Mutharika, 74 ans, est le frère de l'ancien président Bingu wa Mutharika, décédé en avril 2012. Il est arrivé largement en tête de cette élection à un seul tour avec 36,4 % des voix, battant la présidente sortante Joyce Banda (20,2 %).
Inculpé de haute trahison
"Il est clair que nous sommes confrontés à de sérieux problèmes dans ce pays [...] qui est presque sur le point de s'effondrer", a-t-il affirmé.
Pourtant, le piètre état de ce petit pays d'Afrique australe, où près de la moitié de la population vit avec moins d'un dollar par jour, est régulièrement attribué à la calamiteuse gestion de son frère aîné, Bingu wa Mutharika, dont il était le bras droit.
À la mort de ce dernier
, critiqué pour sa dérive autocratique, le pouvoir est, conformément à la Constitution, automatiquement passé à Joyce Banda, la vice-présidente, contrariant les plans de Peter Mutharika. Le président nouvellement élu avait, suite à ce changement de situation, été inculpé de haute trahison pour avoir tenté d'empêcher Joyce Banda d'accéder à la présidence. Aujourd'hui, son arrivée à la magistrature suprême devrait lui permettre d'échapper à la justice.
Irrégularités lors du scrutin La présidente sortante, arrivée troisième, a reconnu sa défaite samedi. "Même si ces élections ont été tendues, je voudrais exhorter tous les Malawites à aller de l'avant en tant que Nation, à rester unis, à respecter la loi et à rester pacifiques et calme", a-t-elle déclaré, alors que sa gestion du pays lui a attiré le mécontentement des plus pauvres dans le pays. Après l'élection, elle avait dénoncé de "sérieuses irrégularités" et tenté en vain d'annuler le vote avant la proclamation des résultats.
Les observateurs étrangers n'ont, eux, pas observé de fraudes massives, mais le scrutin et le dépouillement ont été particulièrement chaotiques. Cependant, la commission électorale elle-même a constaté des irrégularités dans certains bureaux de vote où l'on a compté plus de bulletins que d'inscrits.
Alors qu’elle s’était déclarée prête à tout recompter, la commission électorale a été contrainte par la justice à publier les résultats dans les huit jours comme l'exige la loi - c'est-à-dire avant vendredi minuit, les derniers électeurs ayant voté jeudi 22 mai.
Les résultats peuvent toutefois être contestés devant la Haute Cour. Le parti de l'ancien dictateur Kamazu Banda, dont le candidat Lazarus Chakwera est arrivé deuxième avec 27,8 % des voix, a prévenu qu'il déposerait un recours.
Avec AFP