Dans une nouvelle vidéo diffusée lundi, le chef de Boko Haram annonce que les lycéennes nigérianes enlevées le 14 avril ne seront libérées qu'en échange de prisonniers du groupe islamiste. Une option inenvisageable pour les autorités nigérianes.
Le chef de Boko Haram a diffusé, lundi 12 mai, une nouvelle vidéo montrant une centaine de jeunes femmes présentées comme les lycéennes nigérianes enlevées le 14 avril dans le nord-est du pays. Il affirme les avoir converties à l'islam mais surtout qu'il ne les libèrera qu'en échange de prisonniers du groupe islamiste.
Une option qu’a totalement exclue le ministre de l’Intérieur nigérian. "Ce n'est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions", a déclaré Abba Moro à l'AFP et "il n'est pas question d'échanger une personne contre une autre". À la question de savoir s'il rejetait une telle condition, il a répondu : "Bien sûr".
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Les 27 minutes d’images, dont l'AFP a obtenu une copie, montrent Abubakar Shekau qui s’expriment pendant 17 minutes, assis devant un fond vert, apparemment une pièce de tissu. On voit ensuite 130 adolescentes assises à l'air libre, dans un lieu non identifié. Elles portent un long voile couvrant tout leur corps, mais laissant voir leur visage et récitent la "fatiha", l'une des principales sourates du Coran. À aucun moment Shekau n'apparaît en compagnie des lycéennes, qui ont l'air abattu, résigné, mais pas terrifié.
Un échange contre des "frères" emprisonnés
Lors de son intervention, Abubakar Shekau est souriant, en tenue militaire avec une Kalachnikov. Le chef de Boko Haram, qui s'exprime en arabe puis en haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria, revendique le rapt massif de Chibok, comme ce fut déjà le cas lundi dernier dans une précédente vidéo.
Alors qu'il avait menacé de traiter les jeunes filles en "esclaves", il affirme cette fois avoir converti les captives à l'islam. "Ces filles dont vous vous préoccupez tant, nous les avons en fait libérées (...) et vous savez comment on les a libérées ? Ces filles sont devenues musulmanes", dit Shekau. "Nous ne les libérerons qu'après que vous aurez libéré nos frères" emprisonnés par les autorités nigérianes, ajoute-t-il, précisant qu'un tel échange ne concernerait que "celles qui ne se sont pas converties" à l'islam, celles ayant accepté de devenir musulmanes étant devenues "des sœurs".
L'ONU condamne l'enlèvement des lycéennes
Depuis cet enlèvement, sans précédent au Nigeria, la communauté internationale n'a de cesse de se mobiliser. François Hollande a ainsi proposé, dimanche 11 mai, la tenue d’un sommet de dirigeants africains à Paris sur la sécurité au Nigeria.
Deux jours plus tôt, le Conseil de sécurité de l’ONU s'est dit "profondément scandalisé" par cet enlèvement et celui de huit autres jeunes filles à Warabe le 5 mai. Les 15 pays membres ont exigé "(leur) libération immédiate et sans conditions", a précisé le Conseil qui a affirmé par ailleurs que ces exactions "peuvent constituer des crimes contre l'humanité" passibles de poursuites devant la justice internationale.
Depuis cinq ans, l’insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram a fait des milliers de morts au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Les violences ont surtout lieu dans le Nord-Est, où l'armée mène une vaste opération depuis un an contre les insurgés.
Avec AFP