Les négociations de paix au Proche-Orient, relancées il y a un an sous l'égide des État-Unis, touchent à leur fin ce 29 avril sans qu'il n'y ait eu d'avancée. Israël et Palestiniens apparaissent au contraire déterminés à consommer la rupture.
Les négociations de paix entre Israël et Palestiniens ont atteint leur date butoir, mardi 29 avril, sans que les deux frères ennemis ne parviennent à conclure le moindre accord : pour le moment le processus de paix est suspendu. Israël a décidé jeudi 24 avril de suspendre les négociations de paix avec l'Autorité palestinienne, au lendemain de l'annonce d'un accord entre le Hamas, qui ne reconnaît pas Israël, et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du président Mahmoud Abbas.
"Abbas a choisi le Hamas et pas la paix. Quiconque choisit le Hamas ne veut pas la paix", a alors commenté Benjamin Netanyahou. Sur NBC, le Premier ministre israélien, a également souligné que le président palestinien Mahmoud Abbas avait encore "la possibilité d'inverser le cours des choses, d'abandonner ce pacte".
De leur côté, les Palestiniens ont aussitôt pris acte de ce gel. "Pendant les pourparlers, la division [entre Hamas et OLP, NDLR] était une arme utilisée tous les jours par Israël qui demandait ce que nous ferions au sujet de Gaza [dirigée par le Hamas]", a expliqué le négociateur palestinien Saëb Erakat à la radio officielle Voix de la Palestine. "Quand nous avons commencé à y remédier, Israël a alors dit que les efforts de paix étaient incompatibles avec la réconciliation. Si on ne peut faire la paix ni sans Gaza ni avec Gaza, c'est qu'il y a un objectif d'Israël : ne pas faire la paix. Ils veulent tuer la solution à deux États", a-t-il accusé.
"Israéliens et Palestiniens ont le sentiment d'avoir fait des concessions et ils se rejettent la responsabilité de l'échec du processus de paix", expliquent Kristell Bernaud, correspondante de FRANCE 24 en Israël.
Gel bilatéral des efforts de paix
La rupture était consommée. Le Conseil central palestinien, une instance dirigeante de l'OLP, a adopté, dimanche 27 avril, un plan prévoyant la poursuite des démarches d'adhésion à une soixantaine d'instances de l'ONU et accords internationaux. Le refus d'Israël de libérer, comme prévu le 29 mars, un dernier contingent de prisonniers a permis à la direction palestinienne de se sentir déliée de son engagement à suspendre de telles initiatives jusqu'à la fin des pourparlers.
Israël a pour sa part gelé les projets de construction d'environ 600 logements palestiniens dans la Cisjordanie qu’elle occupe pour sanctionner les démarches des Palestiniens sur la scène internationale. Le général Yoav Mordehaï, chef de l'administration militaire israélienne, a confirmé ce gel, alors que les projets avaient été précédemment avalisés par le ministre de la Défense, Moshé Yaalon.
L'administration militaire a également suspendu cinq projets soutenus par des fonds étrangers : un terrain de jeux financé par le gouvernement italien, la modernisation de puits avec un financement suédois, la distribution dans deux cas de tentes par l'ONU ainsi que d'abris par une ONG française.
"État d’apartheid"
Le processus de paix israélo-palestinien a été relancé l'an dernier sous l'égide des États-Unis. Avant l'annonce de l'accord entre le Hamas et l'OLP, les négociateurs tentaient déjà de trouver le moyen de prolonger la date butoir du 29 avril – toujours considérée comme intenable - pour parvenir à un accord cadre. Ils souhaiteraient ouvrir une nouvelle année de négociations afin de trouver un accord définitif permettant la création d'un État palestinien coexistant pacifiquement avec Israël.
Mais jusqu’ici, les neuf mois d’efforts des Washington sont restés infructueux. John Kerry, secrétaire d’État américain et artisan de la reprise du dialogue israélo-palestinien, a pourtant défendu bec et ongles son travail au Proche-Orient.
Le chef de la diplomatie américaine a par ailleurs nié avoir "jamais déclaré publiquement ou dans le privé qu'Israël était un État d'apartheid ou qu'il avait l'intention de le devenir", comme rapporté par « The Daily Beast », provoquant un début de polémique avec l'allié israélien. D'après ce site d'informations, John Kerry aurait fait ces déclarations, vendredi 25 avril, lors d'une réunion privée à Washington.
Face à la colère de dirigeants israéliens et de sénateurs américains, le secrétaire d’État a toutefois reconnu à demi-mots avoir employé malencontreusement ce terme -- qui renvoie à la ségrégation en Afrique du Sud de 1948 à 1994 -- et qu'il aurait dû "choisir un autre mot".
Avec AFP et Reuters