Nicolas Hénin est resté dix mois retenu en otage par des djihadistes en Syrie. Libéré avec trois autres journalistes français mi-avril, il raconte son calvaire à FRANCE 24.
Un peu plus d’une semaine après sa libération, le journaliste et ex-otage français en Syrie, Nicolas Hénin, raconte à FRANCE 24 sa détention. Enlevé le 22 juin 2013 à Raqqa, dans le nord de la Syrie, il a été libéré dans la nuit du 19 au 20 avril 2014 avec trois autre otages, les journalistes Pierre Torrès, Didier François et Édouard Élias.
"La libération, c’est la sortie d’une sorte de trou noir, explique-t-il au micro de FRANCE 24. Pendant dix mois, on a extrêmement peu d’idées de ce qui se passe à l’extérieur, de ce qui se passe en termes de contact entre les ravisseurs et les autorités. Et puis tout nous tombe dessus. Dix mois d’actualité à rattraper, et surtout, on prend conscience de l’élan de générosité, de solidarité, qui a été soulevé à l’occasion de notre captivité, c’est très émouvant".
L’homme raconte la "joie intense" de ses retrouvailles avec sa femme et ses deux filles, âgées de 18 mois et de quatre ans. "Mais quand je me vois, souriant, retrouvant mes filles… Je trouve ces images un tout petit peu indécentes parce que je continue de penser aux Syriens que je laisse derrière moi, qui sont plongés dans une crise dramatique. Et je pense aux otages qui restent", poursuit Nicolas Hénin.
"Ça a été dur, parfois"
Pendant dix mois, le journaliste est resté aux mains de combattants djihadistes. "Beaucoup de nos geôliers étaient francophones, dont certains très bons francophones. D’autres parlaient un anglais sans accent, d’autres encore, un espagnol sans accent, ce qui donne l’impression que de nombreuses personnes étaient venues de divers endroits du monde spécialement pour combattre en Syrie", note le journaliste.
Au cours des premiers mois de sa détention, Nicolas Hénin est resté aux abords d’Alep, où se trouve ce que certains experts ont appelé "une usine à otage", tant le nombre de personnes retenues illégalement – Occidentaux et Syriens – est important. "Nous, on était un petit groupe, je ne sais pas où étaient les autres otages occidentaux. On est resté à Alep durant l’été et une partie de l’automne, raconte-t-il. Puis on a été déplacés, on a fait des heures et des heures de route sans savoir où on se trouvait".
Au début, dans les premières prisons, il côtoyait des otages Syriens. Puis il a été déplacé dans des lieux de détention spécifiques pour les Occidentaux. En tout, il a été déplacé une dizaine de fois. "Les conditions de détention étaient très basiques en terme d’hygiène, d’accès aux soins, de nourriture, de confort, explique-t-il. Mais quand je regarde d’autres cas de prises d’otage, des gens qui se faisaient battre toute la journée, qui ont perdu énormément de poids… Je me dis que ça n’a pas été drôle, que ça a été dur parfois, mais que je suis entier, j’ai toute ma tête. Ces gens n’ont pas réussi à me casser".