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Vote de confiance : le PS joue ses cartes, LR pris entre deux feux
À la veille d’un vote de confiance quasi perdu d’avance, François Bayrou a accusé les oppositions de chercher à “abattre le gouvernement”. Le Parti socialiste se positionne pour reprendre Matignon, tandis que les Républicains restent divisés entre la liberté de vote accordée par Laurent Wauquiez et la fermeté de Bruno Retailleau.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à l'Université d'été des Républicains, le dimanche 7 septembre à Port-Marly (Yvelines). © Stephane de Sakutin, AFP

Alors que sa chute semble imminente, François Bayrou a fustigé, dimanche 7 septembre, les forces politiques, "en guerre civile les unes avec les autres", mais prêtes à s’unir pour "abattre le gouvernement". Le Premier ministre ne se fait plus d'illusion, alors qu'Emmanuel Macron est déjà en quête de son successeur, sous la pression des oppositions.

Le compte à rebours est enclenché, les heures du gouvernement sont comptées. Lundi à 15 h, le Premier ministre montera à la tribune de l'Assemblée pour demander la confiance des députés. Vers 19 h, leur verdict tombera.

Sauf énorme surprise, la sentence est déjà connue : face aux vetos annoncés de la gauche et de l'extrême droite, le locataire de Matignon sait que la fin de son bail est imminente.

Dans le média en ligne Brut, où il a achevé dimanche un marathon médiatique, François Bayrou s'est d'ailleurs montré fataliste : "Il y a pire dans la vie que d'être à la tête d'un gouvernement et que ce gouvernement (..) soit renversé". "C'est déjà pas mal neuf mois" à Matignon, "je n'ai aucun regret", a-t-il ajouté, relevant toutefois un manquement : l'absence d'"une grande réforme pour l'Éducation nationale".

Martelant son message sur la gravité de l'endettement du pays - qui justifie à ses yeux un effort budgétaire de 44 milliards d'euros pour 2026 -, il a critiqué des députés qui "ne devraient pas être prisonniers des mots d'ordre des formations politiques". 

Ce sera le cas chez Les Républicains, où Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l'Assemblée, a laissé une "liberté de vote" à ses députés. En contradiction avec l'appel du patron du parti Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, à soutenir le gouvernement Bayrou.

Laurent Wauquiez a également réitéré sur LCI qu'il ne censurerait pas automatiquement un gouvernement PS ou RN, propos qui lui avaient valu un recadrage immédiat de Bruno Retailleau. 

Le ministre de l'Intérieur a durci le ton dimanche, martelant qu’il était "hors de question" que la droite accepte un Premier ministre socialiste à Matignon, posant ainsi ses conditions à la participation de LR à un futur gouvernement.

"La grande tambouille" 

Charge au chef de l'État de trouver le profil idoine. Pour l'heure, Emmanuel Macron "n'a pas tout à fait décidé" et "cherche encore la bonne solution sur le casting comme sur le fond", glisse un visiteur de l'Élysée.

Dans l'entourage du président, peu envisagent toutefois qu'il nomme le socialiste Olivier Faure, prétendant à Matignon. D'autant que le patron du PS l'a redit sur France 3 : "Pas question de former un gouvernement commun" avec des macronistes. "Je veux un gouvernement de gauche" qui soit "un gouvernement de cohabitation" et travaillera ensuite texte par texte à la recherche de compromis.

Olivier Faure "a toute légitimité à prendre sa place à Matignon", a poussé Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS. Il "a vocation à revendiquer le pouvoir", a aussi estimé François Hollande dans La Tribune Dimanche. 

Mais le premier secrétaire du PS doit aussi tenir compte du refus farouche des Insoumis d'accompagner sa stratégie, qualifiée d'"escroquerie".

Dénonçant "la grande tambouille" de "la coalition de tout et n'importe quoi", Jean-Luc Mélenchon a prévenu samedi : "Nous ne sommes candidats à aucune autre place, sinon à la première pour tout changer".

Tourné vers l'élection suprême, le triple candidat malheureux à la présidentielle rêve d'en provoquer une autre avant 2027, grâce à la motion de destitution que les députés LFI s'apprêtent à déposer.

Et il compte bien s'appuyer sur la colère sociale pour précipiter les événements dès mercredi avec le mouvement "Bloquons tout", puis avec la mobilisation syndicale du 18 septembre.

Le Rassemblement national pousse, lui, de toutes ses forces pour de nouvelles législatives anticipées, que le parti à la flamme pense pouvoir gagner cette fois-ci.

Et tant pis si "je ne pourrai peut être pas me représenter", a relevé Marine Le Pen lors de sa rentrée politique dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). La cheffe de file de l'extrême droite connaîtra, lundi, la date de son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés - qui lui vaut depuis fin mars une inéligibilité immédiate qu'elle conteste. 

En tout cas, "aucun d'entre nous n'acceptera de jouer les figurants d'un petit théâtre parlementaire", a-t-elle martelé.

Avec AFP