Des blocs de glace se sont détachés des hauteurs de l’Everest, une semaine après l’accident qui a tué 16 sherpas sur les mêmes montagnes. S’il n’y a pas eu de victime cette fois, ce nouvel incident sonne la fin de la saison des ascensions.
Une semaine après l’avalanche mortelle qui a tué 16 sherpas sur le mont Everest, au Népal, un nouvel incident s’est produit sur le toit du monde. Des blocs de glace se sont abattus, vendredi 25 avril, sur la voie normale du versant népalais de l’Everest. Cette fois, il n’y a pas eu de victimes mais cela sonne la fin de la saison des ascensions.
"Les expéditions s’en vont, c’est terminé pour tout le monde", a déclaré l’himalayiste Alan Arnette sur son site Internet. De nombreuses expéditions avaient déjà quitté le camp de base depuis l'avalanche du 18 avril, la plus meurtrière jamais produite sur les pentes de l'Everest. Les familles de sherpas étaient bien décidées à ce qu’aucune cordée n’atteigne le sommet en raison des compensations financières pour les proches des victimes, jugées trop limitées.
Toutes les victimes de l’avalanche du 18 avril sont des sherpas, issus du peuple bouddhiste de l'Himalaya qui accompagne toutes les ascensions depuis les années 1950. Ils sont morts alors qu’ils équipaient en cordes fixes et échelles métalliques la "cascade de glace" du glacier du Khumbu, passage obligé et très exposé de la voie normale.
Une "saison blanche" serait une première. Depuis 1950, il n’y a pas eu une année sans que touristes et sherpas ne gravissent les 8850 mètres de l’Everest. Mais face au drame, la communauté sherpa est soudée et solidaire. Apa Sherpa, l'homme qui détient le record du nombre d'expéditions avec ses 21 ascensions au sommet de l'Everest, soutient ses collègues : "Les sherpas doivent assurer les accès, porter le matériel, sur les différents camps. Ils doivent mener les clients jusqu'au sommet, puis les redescendre. Ensuite, ils doivent remonter à nouveau pour aller récupérer tout le matériel. Le travail de sherpa c'est très dangereux", explique l’alpiniste à FRANCE 24.
Une activité qui fait vivre le pays
Ces expéditions en haute montagne permettent à des familles entières de vivre : les alpinistes népalais, dont l’assistance est indispensable au succès des expéditions, perçoivent entre 3 000 et 6 000 dollars (entre 2 150 et 4 300 euros) par saison, une somme bien supérieure au salaire moyen dans le pays. Les retombées économiques d’une "saison blanche" seraient donc catastrophiques.
Toute l’économie touristique repose sur les expéditions et les treks en montagne. À Katmandou, la capitale népalaise, la grogne des sherpas inquiète. "S'il n'y avait pas eu cet accident, on aurait déjà eu deux ou trois clients aujourd'hui, et à l'heure actuelle on n’a eu personne. S’il y a des problèmes là-haut, en montagne, cela se répercute directement sur nos ventes", s’inquiète Ramesh Bardewa, commerçant de matériel de montagne à Katmandou.
L'industrie de l'alpinisme a rapporté près de 10 millions d'euros au Népal l'année dernière et le tourisme est la première force économique du pays.
Avec Reuters