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En Arabie saoudite, une mendiante meurt millionnaire

Eisha est décédée et a laissé une fortune estimée à un million de dollars. Un magot que cette Saoudienne centenaire a amassé tout au long de sa vie en pratiquant la mendicité, rapporte l’un des principaux quotidiens anglophones d'Arabie saoudite.

En Arabie saoudite, il n’y a pas que le pétrole et les affaires qui permettent de devenir millionnaire, il y a aussi la mendicité. C’est ce qu’ont découvert les habitants d’un quartier de la ville de Jeddah, après la mort d’Eisha. Cette vieille femme avait longtemps fait la manche… et ainsi accumulé une fortune estimée à 4 millions de riyals saoudiens (766 000 euros).

Cette riche femme est décédée, dans la salle de bain de son modeste appartement, à l’âge de 100 ans, après avoir passé la moitié de sa vie à mendier, raconte le quotidien saoudien “Saoudi Gazette”, dimanche 16 mars. C’est après son enterrement que les habitants de son quartier ont découvert l’ampleur de sa fortune. Elle possédait quatre immeubles dont la valeur atteint les trois millions de riyals (575 000 euros), ainsi que des bijoux et des pièces d’or estimés à un million de riyals (191 000 euros).

Eisha, aveugle, a commencé à amasser sa fortune en faisant la manche avec sa mère et sa sœur, puis a continué après leur mort. Dans une ville comme Jeddah, considérée comme un centre d'affaires, la mendicité pouvait se révéler lucrative. “Surtout pendant la période de l’Aïd [à fin du ramadan, selon la tradition religieuse, il est habituel de faire un don aux plus pauvres, NDLR] durant laquelle Eisha et sa famille pouvaient compter sur la générosité de philanthropes”, raconte Al-Saeedi, la seule personne du quartier à connaître la richesse cachée d’Eisha. Les mendiants, dans cette ville sainte de l’Islam, profitent aussi du zakat, un impôt religieux pour les plus démunis considéré comme l’un des piliers de l’Islam.

Qui hérite ?

Eisha n’a, cependant, jamais cherché à profiter ou faire fructifier l’argent accumulé durant ces années. Elle permettait à d’autres mendiants d’habiter gratuitement dans ses immeubles. “Je lui ai dit plusieurs fois d’arrêter de faire cette profession, vu tout l’argent dont elle disposait, mais elle a toujours refusé, arguant qu’elle économisait pour les temps difficiles”, se souvient Al-Saeedi.

Mais que faire de toute sa fortune ? Eisha, qui n’a aucune famille, avait confié toutes ses pièces d’or à Al-Saeedi afin qu’il les conserve dans un lieu sûr. Il a assuré au “Saoudi Gazette” avoir remis, devant témoin, toute cette fortune “à l’un des habitants les plus respectés du quartier qui a promis de les transmettre aux autorités”.

La situation est plus compliquée pour le foncier. Al-Saeedi admet qu’Eisha ne souhaitait pas expulser les résidents-mendiants, mais il estime que légalement ils devraient partir. Les personnes concernées, interrogées par le quotidien saoudien, considèrent que la loi ne s’applique pas dans leur cas au motif car ils jouissent gratuitement du logement. D'autres résidents du quartier estiment, toujours d’après le “Saoudi Gazette”, que l’expulsion n’est pas la bonne solution. Au final, personne ne sait vraiment que faire de l’important héritage de la mendiante la plus riche de Jeddah.