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À 36 ans, Thomas Pesquet devient le dixième Français à décrocher un ticket pour l’espace et le premier depuis 2008. Ce jeune astronaute livre à FRANCE 24 ses impressions sur sa future mission.

Thomas Pesquet est devenu, lundi 17 mars, le premier astronaute français depuis 2008 à avoir reçu son billet pour un voyage dans l’espace. Ce jeune homme de 36 ans doit se rendre en 2016 à bord de l’ISS (la Station spatiale internationale) pour une mission de six mois.

Qui sont-ils ? Que font-ils ?

Thomas Pesquet embarquera à bord de la navette Soyouz en 2016 pour rejoindre l'ISS et il doit rentrer sur terre en mai 2017. La mission à laquelle il participera portera "sur les domaines de la recherche sur l’Homme, la biologie, les matériaux ou le développement technologique”, a précisé, lundi 17 mars, le ministère français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le Français sera le dernier de la fournée 2009 des astronautes européens sélectionnés par l’ESA à partir dans l’espace. C’est l’Italien Luca Parmitano qui a décolé le premier, en mai 2013, pour une expédition de 166 jours à bord de l’ISS. La seule femme parmi ses six aventuriers européens de l’espace, l’Italienne Samantha Cristoforetti doit décoller en novembre 2014.

Né le 27 février 1978 à Rouen, en Normandie, Thomas Pesquet est le dixième Français de l’histoire de l’aventure spatiale à décrocher ce précieux sésame. Il avait été sélectionné par l'Agence spatiale européenne (ESA) en mai 2009, avec cinq autres astronautes de la jeune génération, parmi plus de 8.000 candidats. Il est le plus jeune membre du corps des astronautes européens à embarquer pour l’ISS dans deux ans.

Ce féru de sport (basket-ball, plongée sous-marine) et musicien amateur (saxophone) livre à FRANCE 24 ses premières impressions après l’annonce de sa participation à la mission spatiale pour l’ISS.

FRANCE 24 : Vous êtes devenu le premier astronaute français à participer à un voyage spatial depuis 2008, comment vivez-vous cette sélection ?

Thomas Pesquet : Je ne vais pas bouder mon plaisir, d’autant que je vais devenir le premier Français à participer à une mission de longue durée sur l’ISS. Je suis heureux et très fier. Surtout en pensant à tous ces astronautes qui m’ont précédé et que je regardais comme des extraterrestres lorsque j’étais plus jeune.

FRANCE 24 : Avez-vous l’impression d’être, vous-même, devenu un extraterrestre ?

T.P. : Le côté exceptionnel, on le voit surtout dans le regard des gens. Pour ma part, je me considère comme quelqu’un d'ordinaire. Quand je fais mon footing, j’ai parfois l’impression d’être trop lent et je trouve aussi, de temps en temps, que j’ai du mal à me réveiller à l’heure le matin. On peut dire que je suis quelqu’un de normal qui fait quelque chose d’extraordinaire.

FRANCE 24 : Avez-vous évoqué votre voyage à venir avec Léopold Eyharts, le dernier français à avoir été à bord de l’ISS en 2008 ?

T.P. : Bien sûr. Léopold Eyharts continue de travailler au sein de l’ESA et je lui ai demandé des conseils. Outre les points scientifiques abordés, il m’a aussi parlé de l’importance de la nourriture car nous avons la chance de pouvoir emmener des plats français avec nous dans l’espace. Je vais donc réfléchir aux menus que j’aimerais déguster durant mon voyage. Il a aussi souligné à quel point la musique peut rendre le séjour plus agréable. J’ai jusqu’à 2016 pour préparer mes “play-lists”, ça devrait me laisser un peu de temps. Mais je peux d’ores et déjà dire qu’il devrait y avoir de la musique électro et du jazz.

FRANCE 24 : Avez-vous construit votre parcours professionnel - ingénieur spatial puis pilote de ligne pour Air France - dans le but de partir dans l’espace ?

T.P. : Je ne me suis jamais dit que j’allais devenir astronaute. Il n’y a pas d’école pour ça et essayer d’empiler les diplômes pour construire un CV d’astronaute ne fonctionnerait pas à mon avis. J’ai fait des études d’ingénieur spatial parce que j’étais passionné par ça, et j’ai voulu devenir pilote de ligne car j’avais envie de me confronter au terrain. En outre, j’ai beaucoup étudié et travaillé à l’étranger [Canada, Espagne, Allemagne, ndlr]. Au final, en suivant ce que j’aimais faire, j’avais les trois qualités qui font, d’après moi, un bon astronaute : un solide bagage académique et scientifique, une expérience opérationnelle et une carrière internationale.

FRANCE : Maintenant que vous êtes sûr de partir pour l’espace, le plus dur est derrière vous non ?

T.P. : Pas du tout. Je vais être soumis, à partir de demain, à un entraînement intense de deux ans. Il faut apprendre à bien connaître les différents modules de la station spatiale internationale, les astronautes doivent également être capables de piloter Soyouz [le véhicule spatial] et je vais aussi m’entraîner aux sorties spatiales. Il faut, en outre, avoir un bon niveau en russe et je vais donc me perfectionner dans cette langue que j’étudie maintenant depuis cinq ans.

En clair, 90% de mon temps va maintenant se dérouler à l’étranger. C’est peut-être l’aspect le plus dur de toute cette aventure : réussir à maintenir malgré tout une vie personnelle stable. En fait, les astronautes ne commencent à souffler qu’une fois qu’ils sont dans l’espace.

Tags: Espace, ISS,