Deux personnes ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, lors d'une fusillade impliquant nationalistes radicaux et militants pro-russes, un nouveau signe de tension à la veille du référendum en Crimée.
Deux personnes, un militant pro-russe et un passant, ont été tuées dans la nuit de vendredi à samedi à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, lors d'une fusillade impliquant nationalistes radicaux et militants pro-russes.
Les militants pro-russes ont tenté d'entrer dans un bâtiment où se trouvait un groupe de personnes qu'ils soupçonnaient d'avoir tiré vendredi soir sur des manifestants pro-russes, a précisé une source policière, ajoutant qu'il s'agissait d'informations préliminaires. Ce sont les occupants du bâtiment qui avaient ouvert le feu, a-t-on ajouté, sans indiquer si les pro-russes avaient riposté. Cinq personnes ont été blessées, dont un policier, grièvement atteint, toujours selon cette source.
Selon elle, d'après la première reconstitution des faits, dans la soirée les manifestants pro-russes rassemblés sur la place Svoboda dans le centre de Kharkiv ont été la cible de tirs depuis une voiture. La voiture aurait été ensuite suivie par les pro-russes qui ont affirmé que ses passagers avaient rejoint un bâtiment abritant notamment les locaux d'un groupe radical de droite, les Patriotes de l'Ukraine. Lorsque les militants pro-russes ont tenté d'y entrer en force, les occupants ont ouvert le feu.
Kiev accuse Moscou d'avoir provoqué la fusillade
Les forces de l'ordre sont arrivées rapidement sur les lieux et un siège de plusieurs heures a suivi, pendant lequel les assiégés ont pris trois otages, deux gardes présents dans le bâtiment. Ils ont fini par relâcher leurs otages et rendre leurs armes, avant de sortir et d'être interpellés par la police. Selon le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsène Avakov, la police a arrêté une trentaine de personnes appartenant aux deux camps.
Les autorités ukrainiennes ont rapidement accusé les pro-russes d'avoir attisé les violences et demandé à la population de ne pas se laisser entraîner dans des représailles. "Les incidents de cette nuit étaient une provocation bien préparée de la part d'activistes pro-russes", a déclaré le gouverneur de Kharkiv, Igor Balouta. Il a expliqué que des gens dans un minibus avaient délibérément provoqué une dispute avec un groupe qui organisait une manifestation pro-russe avant de redémarrer. Le ministre de l'Intérieur quant à lui a lancé un appel aux Ukrainiens sur Facebook : "Ne les laissez-pas vous manipuler ! Arrêtez cette hystérie (...) On ne joue pas aux petits soldats; il s'agit d'un conflit réel et de la vie réelle de gens."
À Moscou, Konstantin Dolgov, responsable des questions de droits de l'homme au ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré sur Twitter que les arrestations à Kharkiv de personnes qu'il a décrites comme des "activistes néo-fascistes" devaient être suivies d'une action plus large pour "neutraliser et sanctionner les extrémistes effrénés."
Tensions croissante à la veille du référendum
Ce nouvel incident meurtrier survient après la mort d'un manifestant pro-Kiev à Donetsk jeudi, poignardé lors de heurts avec des militants pro-russes. Serhiy Tarouta, le nouveau gouverneur de la région de Donetsk, a accusé les Russes d'être à l'origine de ces violences et a estimé que les autorités de Kiev n'étaient plus en mesure de contrôler la situation.
La tension augmente dans l'Est de l'Ukraine avec la montée de tendances séparatistes, à la veille du référendum en Crimée qui portera dimanche sur le possible rattachement de la péninsule à la Russie.