Un policier et deux manifestants ont été tués lors d’affrontements entre opposants et forces de l’ordre dans la capitale thaïlandaise mardi. Par ailleurs, la commission anticorruption a annoncé l’inculpation de la Première ministre Shinawatra.
De violents incidents ont émaillé la journée du 18 février, à Bangkok, où la police a lancé des opérations dans plusieurs quartiers occupés depuis des semaines par les opposants au gouvernement Shinawatra.
Le correspondant de FRANCE 24 sur place, Arnaud Dubus, rapporte que les forces de l’ordre ont repris le contrôle de plusieurs secteurs proches de ministères, mais se sont heurtées aux manifestants près du pont Panfa, à un kilomètre du siège du gouvernement.
"Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Quelques manifestants ont riposté avec des armes à feu, trois policiers ont été blessés, dont un d’une balle dans la tête qui est décédé", rapporte Dubus.
Des sources médicales ont annoncé plus tard dans la journée la mort de deux civils et l’arrivée de dizaines de blessés dans les hôpitaux de la ville.
La police a arrêté une centaine de "chemises jaunes", des manifestants d’opposition.
Lundi, des milliers d'entre eux avaient assiégé le siège du gouvernement et commençaient à contruire un mur de ciment devant les grilles.
Regain de fermeté
Le correspondant de FRANCE 24 explique ce regain de fermeté de la part des autorités par des dissensions parmi les partisans de Shinawatra après quatre mois de manifestations dans la capitale.
"Le gouvernement avait jusqu’ici fait preuve d'une extrême prudence parce qu'il savait pertinemment que s’il utilisait des méthodes répressives, cela serait immédiatement utilisé contre lui par les manifestants ; mais il est maintenant critiqué par ses propres partisans, ceux qu'on appelle les "chemises rouges", qui demandent pourquoi il fait preuve d’autant de faiblesse", rapporte Dubus.
Après une première tentative pendant le week-end, la police a donc lancé un assaut décisif contre les campements des "chemises jaunes".
itShinawatra inculpée pour "négligence"
Alors que des riziculteurs protestant contre des arriérés de paiements ont rejoint les manifestations lundi, la Commission nationale anti-corruption a annoncé mardi la mise en accusation formelle de Yingluck Shinawatra pour "négligence" dans la gestion des
subventions au secteur du riz. "Bien qu' alertée par de nombreuses personnes sur la corruption de ce programme, elle l’a poursuivi. Cela montre son intention de faire subir des pertes au gouvernement. Nous avons donc convenu à l'unanimité de l’inculper", a déclaré Vicha Mahakhun, un membre de l’organe de lutte contre la corruption.
La Première ministre est convoquée le 27 février pour se voir signifier son inculpation. Selon la commission, elle pourrait être révoquée si sa culpabilité était avérée.
Son frère et prédécesseur à la tête du gouvernement, Thaksin Shinawatra, avait lui-même fui le pays en 2008 pour échapper à une peine de prison pour corruption.