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Alors que les pourparlers de paix en Syrie piétinent à Genève, tous les regards sont tournés vers Homs, où l’évacuation des civils suscite l’inquiétude de l’Occident : certains sont arrêtés pour être interrogés par le régime.

L’opération d’évacuation de civils prisonniers de la ville d’Homs en Syrie inquiète. Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés, quelque 336 hommes âgés de 15 à 55 ans, cherchant à fuir la cité syrienne assiégée depuis 18 mois par le régime, ont été interpellés pour être interrogés par les hommes de Bachar al-Assad.

Jeudi 13 février, les Occidentaux ont exigé la libération des hommes arrêtés par les services de sécurité syriens à leur sortie du réduit rebelle. "Il est scandaleux que le régime syrien détienne et interroge des hommes et des garçons qui ont été évacués [...] Nous avons besoin de réponses urgentes sur le sort qui leur est réservé", s’est insurgé le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague. "Ils doivent être libérés immédiatement".

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"Le régime doit savoir que le monde entier regarde avec une grande préoccupation ce qui se passe à Homs et le statut des hommes évacués. Toute tentative de les maintenir de manière arbitraire en détention ne sera pas acceptée", a pour sa part, affirmé l’un des porte-parole du département d'État américain, Edgar Vasquez.

Depuis le 7 février, 1 417 personnes ont été évacuées du vieux Homs, en vertu d'un accord entre le régime syrien et les rebelles négocié par l'ONU. Il resterait toutefois encore 3 000 personnes dans ce réduit de 2 km2, en grande partie en ruines.

Côté syrien, les autorités se veulent rassurantes. Le gouverneur de la province de Homs, Talal Barazi, affirme qu'une partie de ces hommes sera relâchée très rapidement. Et que 111 d'entre eux auraient déjà été libérés.

"La situation est désespérée"

Hors, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), très peu d'entre eux ont été relâchés. D’après un militant dénommé Yazan, le retard dans les libérations vient du désir des détenus de se rendre, pour leur sécurité, dans les secteurs tenus par les rebelles, comme dans le quartier de Waer, situé hors de la vieille ville. Un choix qui ne semble pas être du goût des autorités syriennes.

Des blessés restés dans la vieille ville refusent également d'être évacués vers des hôpitaux tenus par les autorités de peur d'être kidnappés, toujours selon Yazan, qui est resté dans l'enclave rebelle.

Dans la ville désormais en ruines, il resterait encore près de 3000 personnes réticentes à l’idée de partir. "Pour ceux qui vivent dans la vieille ville, la situation est désespérée", explique Matthew Hollingsworth, directeur d’un programme de nutrition en Syrie. "J'ai rencontré un garçon de 13 ans qui avait l'air d'en avoir 8. Il n'avait pas mangé de viande depuis 2 ans. J'ai rencontré des personnes âgées, des personnes handicapées, certaines veulent partir et d'autres non. Elles ne veulent pas quitter leur foyer et le peu qu'il leur reste."

Une situation qui risque de compliquer un peu plus les pourparlers de paix, qui se tiennent actuellement à Genève, entre le régime et des membres de l'opposition .

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