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Pour ses grands débuts officiels au programme olympique, l'épreuve de saut à ski féminin a été remportée par l'Allemande Carina Vogt. Pendant longtemps cette discipline a été considérée comme trop dangereuse pour les femmes et pour leur fertilité.

L'Allemande Carina Vogt est entrée dans l'histoire des Jeux olympiques en devenant la première femme à gagner l'épreuve de saut à ski. Âgée de 22 ans, elle devance l'Autrichienne Daniel Iraschko-Stolz qui remporte la médaille d'argent et la Française Coline Mattel qui décroche le bronze. La jeune femme de 18 ans offre ainsi la troisième médaille à la France depuis le début de la compétition.

"Pas conseillé d'un point de vue médical"

Cette victoire olympique est le fruit d'une longue bataille. Alors que l'épreuve masculine est au programme olympique depuis les premiers JO de 1924 à Chamonix, les femmes ont dû attendre 90 ans pour obtenir le même droit. Pendant très longtemps ceux qui s'opposaient à cette pratique par la gente féminine ont affirmé que le saut à ski était trop dangereux pour les sportives. Il en est de même pour le marathon qui n'a été autorisé qu'en 1984 pour les femmes ou la boxe féminine qui a fait son entrée en 2012 à Londres.

Le président de la Fédération internationale de ski Gian-Franco Kasper avait même expliqué en 2005 sur l'antenne de la radio américaine NPR que ce sport faisait peser un risque sur l'utérus : "Il ne faut pas oublier que sauter d'une telle hauteur plusieurs milliers de fois par an n'est pas conseillé d'un point de vue médical".

Malgré cette vision rétrograde, le saut à ski féminin a réussi à se développer en catimini à partir des années 90. Au Canada, en Autriche, en Allemagne ou encore en France, des pionnières se sont battues pour organiser des compétitions. En 2009, une quinzaine de pratiquantes sont même allées devant la Cour suprême du Canada pour obtenir la présence du saut à ski féminin aux JO de Vancouver de 2010. Leur demande a été rejetée, les juges ayant suivi l'avis du CIO qui estimait à l'époque que cette discipline n'était pas assez concurrentielle.

Quatre ans plus tard, ces sportives ont finalement réussi à faire respecter leurs droits. Elles espèrent désormais obtenir la parité complète et pouvoir aussi se mesurer les unes aux autres sur le grand tremplin de 120 mètres et pas seulement sur le normal de 90 mètres.