La France et l'ONU ont demandé que les autorités centrafricaines prennent des sanctions exemplaires après le lynchage, mercredi, en public d'un ancien rebelle par des soldats centrafricains. Une enquête a été ouverte.
Des "sanctions exemplaires". C’est ce qu’ont réclamé, jeudi 6 février, l'ONU et la France après le lynchage à Bangui d'un homme accusé d'être un ancien rebelle par des soldats centrafricains et qui n'a donné lieu, dans l'immédiat, à aucune arrestation.
"Les incidents qui ont eu lieu hier lors de la cérémonie de remobilisation des FACA (Forces armées centrafricaines) sont des incidents révélateurs et inadmissibles". Ils "doivent faire l'objet d'enquêtes et de sanctions exemplaires", dans un pays où toutes les administrations, y compris la justice, sont paralysées depuis des semaines, a déclaré le représentant spécial de l'ONU en Centrafrique, Babacar Gaye, lors d'une conférence de presse à Bangui.
Dans la foulée, Paris a condamné des "actes odieux" et demandé des "sanctions exemplaires", tout en soutenant "la décision de la présidente Catherine Samba-Panza d'ordonner une enquête, afin que les auteurs des violences soient identifiés et répondent de leurs actes devant la justice". Face à la persistance des violences, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a également estimé que l'ONU pourrait "vraisemblablement" prolonger le mandat des forces françaises de l'opération Sangaris, forte de 1 600 soldats, au-delà de la période initiale de six mois.
Une enquête ouverte
En fin de journée jeudi, le ministre centrafricain de la Défense, le général Thomas-Théophile Timangoa, a affirmé devant le Conseil national de transition qu'une enquête était d'ores et déjà ouverte, soulignant avoir "demandé à ce que les défenseurs des droits de l'Homme soient associés à cette enquête".
La veille, devant des dizaines de témoins, des militaires ont lynché à mort un homme suspecté d'être un soldat rallié à l'ancienne rébellion Séléka, à l'issue d'une cérémonie officielle où la présidente Catherine Samba-Panza avait célébré la renaissance d'une armée nationale. Plusieurs dizaines de militaires centrafricains ont participé directement au lynchage, sourire aux lèvres et enthousiastes, sous l'œil des médias internationaux. Aucun soldat ne s'est interposé.
Interrogé sur l'inaction de la force africaine Misca, présente sur les lieux au moment du drame, le général Gaye a affirmé que si "le chapitre 7 autorisait à aller jusqu'à un maximum de choses, ça ne signifiait pas que face à chaque situation, il fallait en arriver immédiatement à la confrontation par les armes. La force létale doit être utilisée avec retenue".
Ces derniers jours, plusieurs organisations non gouvernementales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé la passivité des forces internationales face aux violences, dont sont particulièrement victimes les musulmans à Bangui. Ces derniers sont assimilés aux anciens rebelles qui avaient multiplié les exactions pendant des mois contre les populations chrétiennes.
Avec AFP et Reuters