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Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a qualifié de "malvenu" le déplacement de plus d'une centaine de patrons français en Iran pendant trois jours. Il s'en est plaint directement à son homologue français, Laurent Fabius.

Elle avait beau n'avoir qu'un caractère "exploratoire", la visite des patrons français en Iran n'a pas du tout été du goût des États-Unis. Mercredi 5 février, le chef de la diplomatie américaine a appelé directement le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour lui dire tout le mal qu'il pensait de cette initiative du Medef.

Pour John Kerry, ce deplacement de trois jours au pays des Mollah est "malvenu" et pourrait donner l'impression qu'il y a une normalisation de la place de l'Iran dans le concert des nations. Téhéran "ne peut être considéré comme un marché ouvert, parce que l'allégement des sanctions est tout à fait provisoire, tout à fait limité et tout à fait ciblé", a indiqué, mercredi, Wendy Sherman, la sous-secrétaire d'État aux Affaires politiques.

La délégation française était la plus importante depuis "une décennie" à se rendre en Iran, avait souligné le quotidien britannique "Financial Times". Près de 116 patrons ont ainsi pu rencontrer des officiels du régime et des chefs d'entreprises. Et le gratin du CAC 40 était du voyage avec notamment Total, L'Oréal, Orange ou encore Alstom.

Le Medef, grand organisateur de cette mission, avait trouvé le moment judicieux pour mettre un pied économique en Iran. Une partie des sanctions internationales qui pèsent sur le pays a été temporairement levé depuis le 20 janvier. La perspective de l'ouverture d'un marché de plus de 80 millions d'habitants, dans un pays riche en matières premières, a de quoi aiguiser les appétits économiques.

Et les autres pays ?

Conscient du caractère sensible de ce voyage d'affaires, le Quai d'Orsay avait tenté de déminer le terrain. "C'est une initiative du Medef qui se rend à Téhéran à titre exploratoire", avait souligné le ministère des Affaires étrangères lors de son point presse du 31 janvier 2014. En clair, il ne s'agissait que de nouer des contacts en prévision d'un futur économiquement plus radieux pour l'Iran.

Le Medef a également tenté de défendre son initiative. "Nous avons respecté la convention de Genève, signée en novembre dernier. Il y a d'autres délégations de pays européens qui se sont rendus en Iran", a souligné Pierre Gattaz, le président de l'organisation patronale française.

Des contacts ont, en effet, été noué entre, l'Iran et les milieux économiques allemands, autrichiens et italiens, rappelle ainsi le quotidien britannique "The Guardian". Une délégation de patrons allemands doit d'ailleurs se rendre à Téhéran fin février, et un déplacement de dirigeants néerlandais est prévu pour le mois de mars. Reste à savoir si les remontrance de John Kerry contre les patrons français vont affecter ces différentes missions européennes.