Lancée dans l'espace en 2004, et plongée depuis plus de deux ans dans un profond sommeil, la sonde Rosetta se réanime, à quelques mois de son rendez-vous avec la comète 67P/TG. Sa mission : percer le secret de la naissance du système solaire.
Après 31 mois de sommeil, la sonde Rosetta, lancée dans l’espace en 2004, doit se réveiller, lundi 20 janvier, pour préparer son entrée en contact avec la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, prévue dans le courant de l'été 2014.
Envoyée par l’agence spatiale européenne (ESA), Rosetta devrait, dès les prochains jours, débuter ses analyses afin d’aider à percer les secrets de l’évolution du système solaire depuis sa naissance.
La sonde devrait ensuite accompagner cette comète jusqu’à la fin de l’année 2015.
Un "coffre au trésor"
"Les comètes sont des 'capsules témoins' de la naissance du système solaire", explique Mark McCaughrean, un des responsables de l'exploration spatiale à l'ESA.
"Ouvrir ces capsules en regardant les gaz, la poussière et surtout la glace qui les composent, c'est obtenir des indices formidables sur l'origine de notre système solaire et peut-être même de la vie, puisque les comètes contiennent des molécules organiques", précise-t-il.
Si la comète 67P/TG, pourtant très lointaine, a été choisie, c’est parce qu’elle a déjà vécu des milliards d'années dans l'espace profond, avant qu’en 1959, son orbite soit radicalement modifiée en raison d’un passage un peu trop près de Jupiter.
De fait, les rayons du soleil n’ont quasiment pas dégradé cette comète, et les informations qu’elle recèle devraient être particulièrement enrichissantes.
"La capsule témoin est restée verrouillée pendant 4,6 milliards d'années, il est temps d'ouvrir le coffre au trésor!", s’impatiente Mark McCaughrean.
Rosetta, accompagnée d’un petit module dénommé Philae, doit se poser sur la surface de la comète en novembre 2014. L’ensemble est doté de 21 instruments qui permettront d’étudier en profondeur plusieurs aspects. "On veut tout savoir sur la comète, son champ magnétique, sa composition, sa gravité, sa température, tout !", explique Amalia Ercoli-Finzi, responsable d'une des nombreuses expériences qui doit être réalisé par Rosetta.
Un réveil en douceur
Pour atteindre 67P/TG, Rosetta aura parcouru près de 7 milliards de kilomètres depuis son lancement en mars 2004. "On a dû faire cinq fois le tour du Soleil sur différentes orbites pour gagner de la vitesse" grâce à la gravité de la Terre ou de Mars, explique Paolo Ferri, le chef de la mission Rosetta.
"Notre boulot, c'est d'amener les scientifiques et leurs instruments jusqu'à la cible et ça n'a pas été facile", admet-il.
"La dernière orbite autour du Soleil a duré plusieurs années, mais tellement loin de lui que même nos grands panneaux solaires et notre technologie ne suffisaient pas à garder l'engin actif. Nous avons dû éteindre la plupart de ses systèmes en juin 2011 et le laisser dormir", dit-il. Depuis, la sonde n’a pas donné le moindre signe de vie.
C’est lundi que Rosetta s'est donc réveillée, à 10 heures GMT. Mais il lui faudra déjà six heures pour déployer ses deux immenses panneaux solaires, de 14 mètres de long chacun. Une fois qu’elle aura rassemblé un peu d’énergie, elle activera progressivement ses instruments afin de déterminer sa position dans l’espace et braquer son antenne de communication vers la Terre.
Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle sera en mesure de donner ses premiers signes de vie, à quelques 800 millions de kilomètres de la Terre et plus de deux ans et demi après sa dernière prise de contact.
"Mais le signal, même en voyageant à la vitesse de la lumière, mettra 45 minutes à nous atteindre", relève Paolo Ferri.
Rosetta aura ensuite approximativement six mois pour s’éveiller et se préparer pour sa mission. Cet été, la sonde ne sera plus qu'à une centaine de kilomètres de 67P/TG et l’étude de cette boule de glace de 4 kilomètres de diamètre pourra alors débuter.
Le nom de cette mission d’"archéologie spatiale" est tiré de celui de la pierre de Rosette, un fragment historique de stèle portant un même texte en trois langues différentes. C’est cet objet qui avait permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens au début du XIXe siècle.
Avec AFP
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