
Les membres de l'Assemblée constituante ont adopté lundi un article consacrant l'égalité entre les hommes et les femmes. Depuis 1956, la Tunisie est le pays arabe accordant le plus de droits aux femmes.
C'est une première dans un pays arabe. Les élus de l'Assemblée constituante ont adopté lundi 6 janvier un article consacrant l'égalité des "citoyens et citoyennes" dans la future Constitution. "Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune", dispose l'article 20 du projet de Constitution adopté par 159 voix sur 169 votants. Cette formulation est le fruit d'un compromis négocié entre les islamistes d'Ennahda, majoritaires à l'Assemblée, et l'opposition laïque.
Ennahda avait fait scandale durant l'été 2012 en voulant introduire le concept de "complémentarité" homme-femme dans la Constitution. Confronté à une levée de boucliers, le parti islamiste a finalement renoncé à ce projet.
L'article validé lundi a néanmoins été critiqué par des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty, qui jugent la formule sur les citoyens trop réductrice. De leur côté, les militantes féministes tunisiennes se sont toutefois félicitées de l'adoption de l'article 20. "C'était notre revendication et c'est une victoire", a ainsi déclaré à l'AFP Ahlem Belhaj, l'ex-présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates.
Depuis 1956 la Tunisie est le pays arabe accordant le plus de droits aux femmes. L'homme reste cependant privilégié, notamment concernant l'héritage.
Vote chaotique de la Consitution
Le vote de la Constitution, entamé vendredi, a été très chaotique et interrompu par des disputes et polémiques. Après l'examen article par article en cours, le texte dans son ensemble doit obtenir les votes des deux-tiers des élus pour éviter un référendum.
L'adoption de ce texte et la formation d'une loi et d'une commission électorales sont les clés de voûte d'un accord entre opposants et Ennahda pour résoudre une profonde crise déclenchée par l'assassinat le 25 juillet du député de gauche Mohamed Brahmi, le deuxième meurtre en 2013 attribué à la mouvance jihadiste.
À l'issue de ce processus, Ennahda s'est engagé à céder la place à un gouvernement d'indépendants. Le principal médiateur de la crise politique, le syndicat UGTT, a exigé que le Premier ministre Ali Larayedh démissionne au plus tard le 9 janvier.
Élue en octobre 2011, la Constituante devait achever sa mission en un an, mais le processus a été ralenti par un climat politique délétère, l'essor de groupes jihadistes armés et des conflits sociaux. La classe politique s'est engagée à adopter la Loi fondamentale avant le 14 janvier, troisième anniversaire de la révolution qui marqua le début du Printemps arabe.
Avec AFP