En visite au Proche-Orient, le secrétaire d’État américain, John Kerry, a affirmé, samedi 4 janvier, que les négociations de paix progressaient. Mais Israéliens et Palestiniens sont loin d’être aussi positifs.
Excès d’optimisme ou véritables avancées, au troisième jour de sa visite au Proche-Orient, John Kerry a fait état, samedi 4 janvier, de "progrès" dans les négociations israélo-palestiniennes, tout en reconnaissant qu'il restait encore à faire.
Pour son dixième voyage dans la région, le secrétaire d'État américain - qui a réussi en juillet à relancer les pourparlers israélo-palestiniens interrompus depuis trois ans - espérait faire adopter aux deux camps un projet d'"accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens. Mais après avoir à peu près évité, pendant cinq mois, d’échanger des reproches en public, Israéliens et Palestiniens ont finalement laissé éclater au grand jour leur défiance mutuelle, compliquant sérieusement la tâche pour John Kerry.
itDe ces négociations, “on ne voit que les blocages”
D’un côté, le gouvernement de Benjamin Netanyahou continue d’annoncer la construction de nouveaux logements dans les colonies, de demander la reconnaissance d’un État juif et a même fait part de sa volonté d’annexer la vallée du Jourdain, en Cisjordanie. De l’autre, les Palestiniens estiment que les négociateurs américains ne sont pas assez objectifs et rejettent en bloc les exigences israéliennes, accusant le gouvernement de Benjamin Netanyahou de saboter les efforts de paix.
Isolé face à ces remontrances, John Kerry semble être l’un des seuls à y croire. “C’est déjà bien qu’il y ait quelqu’un d’optimiste”, estime Jean-Paul Chagnollaud, professeur de sciences politiques et directeur de l’Institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient, sur FRANCE 24. “Mais pour l’heure, il faut dire que l’on voit uniquement des blocages apparaître et je ne vois pas comment, dans les conditions actuelles, ils pourraient être dépassés”, poursuit-il.
Même outre-Atlantique, le secrétaire d’État américain ne peut pas vraiment compter sur des soutiens politiques à en juger, notamment, par la récente sortie de John McCain. En visite en Israël au même moment que John Kerry, le sénateur républicain, réputé proche de la droite israélienne, s’est permis de fustiger lui aussi les propositions du secrétaire d’État. "Le Premier ministre Netanyahou a de très sérieuses inquiétudes quant au plan qui lui a été présenté, qu'il s'agisse de la capacité d'Israël à défendre ses frontières ou de la fiabilité d'un État palestinien et de ses intentions", a-t-il déclaré après avoir rencontré le chef de gouvernement de l’État hébreux.
Un nouvel accord avec l’Iran “pourrait apaiser la situation”
Une critique qui tombe d’autant plus mal que l’influente aile droite de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahou ne semble pas prête à lâcher du leste. “Pour passer par dessus tout cela, il faudrait qu’un référendum soit soumis au peuple israélien”, ce qui éviterait que les jeux de pouvoir entre trop en considération, selon Jean-Paul Chagnollaud. Mais là encore, ce dernier a peu d’espoir car les États-Unis ont, en fin de compte, peu “de moyens de pression”, estime-t-il.
Reste, pour l’expert, la carte de l’Iran. “C’est un élément très important du point de vue politique. Si dans les mois à venir, on arrive à un accord de fond avec l’Iran, ça pourrait contribuer à apaiser la situation”, explique-t-il, alors qu’Israël a qualifié le premier accord sur le nucléaire iranien, signé en novembre, d’”erreur historique”. “Mais pour l’heure, il est vrai que la détermination de Kerry est le seul élément positif face à tous ces obstacles”, conclut Jean-Paul Chagnollaud.
Pour le dernier jour de sa visite, dimanche, John Kerry est attendu en Jordanie et en Arabie saoudite.
Avec AFP