L'ex-magnat algérien Rafik Khalifa, poursuivi par la justice en France et en Algérie pour banqueroute et détournements de fonds, a été remis mardi par Londres aux autorités algériennes, a annoncé le ministère algérien de la Justice.
Il était le "golden boy" de l’Algérie, celui à qui tout avait réussi dans les années 1990 avant de tout perdre. L'ex-magnat algérien Rafik Khalifa, poursuivi par la justice en France et en Algérie pour banqueroute, détournements de fonds et usages de faux, a été remis mardi 24 décembre par Londres – où il s’était réfugié - aux autorités algériennes, a annoncé le ministère algérien de la Justice.
Celui qui, un temps, s'était affiché aux bras de nombreuses stars comme Gérard Depardieu lors de somptueuses soirées cannoises, a donc épuisé tous les recours juridiques qui lui aurait évité un retour au pays.
Cette extradition intervient "conformément aux procédures légales et aux dispositions de la convention judiciaire" entre l'Algérie et le Royaume-Uni, a précisé le ministère dans un communiqué, cité par l'agence de presse APS. Le ministre de la Justice Tayeb Louh avait indiqué le 17 décembre que son pays avait pris ses dispositions pour accueillir Rafik Khalifa et lui assurer un procès équitable.
Emprisonné depuis 2007 à Londres suite à un mandat d’arrêt européen délivré par la France, le Royaume-Uni avait annoncé le 16 décembre son intention d'extrader Rafik Khalifa d'ici la fin du mois. Parallèlement à la justice algérienne, les autorités françaises réclamaient en effet son extradition pour "blanchiment d'argent, abus de confiance et banqueroute frauduleuse". Sous la menace des deux pays, il avait pu jusqu’à présent, grâce à plusieurs appels juridiques, rester sur le territoire britannique.
Khalifa, "la vitrine d'une nouvelle Algérie"
Tout avait pourtant commencé comme un conte de fée. Fils d'ancien ministre, Rafik Khalifa avait gravi les échelons, édifié un empire économique, dont une banque, une chaîne de télévision et une compagnie aérienne jusqu'à devenir aux yeux de son pays le symbole de la réussite individuelle.
"Il devient rapidement la vitrine d'une nouvelle Algérie, plus ouverte à l'économie de marché, l'espoir d'un réel changement pour toute une génération de jeunes écrasés par le chômage dont le seul but est d'obtenir un visa pour l'Occident", écrit le "Nouvel Observateur".
Mais en 2003, la success-story s’effondre. L’homme d'affaires fait faillite et se réfugie à Londres. Il est condamné par contumace en 2007 à la prison à vie par la justice algérienne à la suite de gigantesques irrégularités de ses comptes d'entreprises.
Selon le "Nouvel Observateur", le préjudice subi par l'État algérien et par les épargnants de sa principale activité bancaire, est évalué aujourd'hui, par les autorités, entre 1,5 et 5 milliards de dollars.
Avec AFP