
Robert Dulas est un barbouze qui a passé 40 ans en Afrique comme expert du renseignement. FRANCE 24 a rencontré cet agent secret qui s’apprête à publier ses mémoires. Portrait d’un homme de l’ombre.
Robert Dulas n’aime pas trop le terme de barbouze qui lui colle à la peau. "Un barbouze est quelqu’un qui agit uniquement dans un intérêt financier, quelle que soit la cause, sans état d’âme, sans se poser de questions, moi je m’en pose", explique l’agent secret français à FRANCE 24.
"Rob", comme il se fait appeler, est un expert du renseignement qui a vadrouillé durant 40 années en Afrique. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il s’apprête à livrer ses mémoires dans un ouvrage sur "la nouvelle Françafrique".
Robert Dulas connaissait le positionnement des otages d’Arlit
De son discret passé, Robert Dulas ne veut retenir que les causes qui lui ont été chères comme celle des Touareg du MNLA, le Mouvement national de libération de l'Azawad du Nord-Mali.
En décembre 2012, juste avant l’intervention française au Mali, c’est lui qui organise la venue des indépendantistes touaregs à Paris. "J’ai réussi à les faire recevoir à l’Assemblée nationale, au Sénat, […] et au ministère de la Défense, raconte-il. Ils ont révélé au ministre de la Défense […] où se cachaient les membres d’Al-Qaïda. Ces points ont été explosés par les Français dans les semaines qui ont suivi". Amer, il regrette aujourd’hui le peu d’intérêt que l’État français réserve à ces Maliens.
Il raconte aussi qu’il aurait approché, en 2010, Ag Bakabo, l’homme soupçonné d’avoir tué les deux journalistes français de RFI, le 2 novembre dernier au Mali. D'après la fiche qu'il avait dressée de l'individu à l'époque, "il ne s'agissait pas d'un djihadiste mais d'un simple opportuniste". Et d'ajouter, "Al-Qaïda a revendiqué l'enlèvement mais l'organisation terroriste n'a pas téléguidé le rapt".
"L'État français a freiné la libération des otages d'Arlit"
Il prétend enfin avoir fourni tous les renseignements nécessaires à la libération des quatre otages français d’Arlit, en octobre dernier. Selon lui, la Secopex, société militaire privée pour laquelle il travaille, aurait pu les faire libérer rapidement et à moindre coup. Mais les services du renseignement français l’auraient systématiquement écarté du dossier. "On avait les positions géostratégiques des ravisseurs. Toutes les informations ont été transmises [à l’État français], elles n’ont jamais été suivies des faits. Pourquoi a-t-on freiné leur libération ? Est-ce qu’il y a derrière des intérêts financiers ?" Autant de questions que l’agent secret à la retraite ne cesse de se poser.