logo

Négociations tendues entre pouvoir et opposition à Kiev

Le président Victor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition en Ukraine ont entamé, vendredi, des négociations. Les échanges n'ont pas semblé à même d'apaiser les tensions qui durent depuis quatre semaines.

Ils se sont faits face. Alors que la contestation dure en Ukraine depuis quatre semaines, les leaders de l'opposition ont rencontré, vendredi 13 décembre, le président Viktor Ianoukovitch.

La table ronde était organisée par l'ex-président Leonid Kravtchouk, à l'origine d'une tentative de médiation la semaine dernière avec deux autres anciens chefs de l'État, Viktor Iouchtchenko et Leonid Koutchma. Mais les échanges ne semblaient cependant pas apaiser la tension, à la quatrième semaine de contestation et à la veille de nouvelles manifestations massives.

"Je m'adresse à vous, Viktor Ianoukovitch. Vous portez la responsabilité personnelle de ce qui se passe dans le pays", a ainsi lancé lors de ces négociations le champion du monde de boxe et leader du parti Udar [la frappe] Vitali Klitschko, assis en face du président.

"Nous savons qu'il existe des plans pour régler la situation par la force. Cela aurait des conséquences catastrophiques pour le pays, et pour vous personnellement", a-t-il poursuivi, alors que l'actuel président prenait des notes en baissant les yeux.

Ianoukovitch promet une amnistie

De son côté, le président Ianoukovitch s'est voulu conciliant, souhaitant en ouverture de la réunion "trouver une voie qui donnerait l'espoir aux Ukrainiens que nous sommes capables de surmonter de telles crises".

Il avait fait savoir avant la rencontre qu'il proposerait une amnistie pour les manifestants arrêtés, dans un apparent geste de conciliation. "Je vais proposer qu'il y ait une amnistie. Que l'on libère les gens qui ont été arrêtés [...], et que l'on termine ce conflit", aurait-il déclaré, selon la présidence.

Reste que l'opposition est restée intransigeante, réclamant la démission du Premier ministre, Mykola Azarov, dont il juge le gouvernement responsable de la crise économique et politique.

L'appel à la démission de Victor Ianoukovitch, leitmotiv des manifestants lors des grands rassemblements de ces dernières semaines, n'a toutefois pas été évoqué vendredi, hormis la mise en garde lancée par Vitali Klitschko.

Appel à une grande manifestation dimanche

Des manifestations ces deux derniers week-ends dans le centre de Kiev ont mobilisé des centaines de milliers de personnes, et l'opposition a appelé à venir encore plus nombreux dimanche 15 décembre à 12h00 [10h00 GMT].

"Tous les Ukrainiens doivent venir sur Maïdan [la place de l'Indépendance à Kiev, NDLR] pour exprimer leur aspiration à vivre dans un pays européen moderne", a lancé jeudi soir Vitali Klitschko devant des milliers de personnes sur la place de l'Indépendance.

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, dont le pays exerce la présidence tournante de l'UE, a indiqué avoir reçu l'assurance de son homologue ukrainien, Leonid Kojara, que la force ne serait pas employée contre les manifestants.

La mobilisation de l'opposition est née de la volte-face du pouvoir, qui a renoncé subitement, fin novembre, à la signature d'un accord d'association avec l'UE pour se tourner vers Moscou.

Avec dépêches (AFP)