Les troupes françaises ont entamé le désarmement des milices à Bangui. À l’instar du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, son homologue aux Affaires étrangères Laurent Fabius a précisé qu’en cas de résistance l’armée utiliserait la force.
"Les choses se passent plutôt bien." C’est en ces termes que le porte-parole de l’état-major des armées françaises a qualifié, lundi 9 décembre, le début du désarmement des groupes de miliciens à Bangui, en Centrafrique. Quelques brefs échanges de tirs entre des soldats français en charge de l’opération et des groupes armés ont cependant été signalés par des photographes de l’AFP près de l’aéroport de la capitale.
Pour Matthieu Mabin, envoyé spécial de FRANCE 24 à Bangui, "il y aura une première phase qui va consister à l’encasernement des ex-rebelles de la Séléka qui forment, quand on écoute le président centrafricain, les forces légales, les forces armées nationales de la Centrafrique. Ce qui permettra de les identifier, de leur donner un numéro matricule, de les nommer, précise-t-il. Dès lors que les forces armées de Centrafrique seront cantonnées dans leurs casernes, seront regroupées sous les ordres de leurs officiers, ceux qui patrouilleront en ville seront considérés comme hors-la-loi. Ce sera au tour de l’armée française et de la Fomac (Force multinationale des États d’Afrique centrale) d’aller à leur rencontre, de leur rappeler qu’ils ne sont pas autorisés à porter les armes en public et en ville. Et, le cas échéant, de leur prendre leurs armes, pourquoi pas par la force, comme le disait le chef des militaires français".
itDimanche, les soldats français, ont étendu leur champ d'action dans tout Bangui. En véhicules blindés ou à pied, pour la deuxième journée consécutive, ils ont été très visibles sur les boulevards et carrefours stratégiques de la capitale.
"La situation est plus calme mais elle reste [...] tendue, a déclaré à Paris le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état-major français. Ce que l'on constate depuis aujourd'hui, c'est une tension assez palpable lorsque nos forces sont au contact de groupes armés."
Le calendrier des élections pourrait être raccourci
Près de l'aéroport, une patrouille française a répliqué dimanche après avoir été la cible de tirs, selon des témoins. Il n'y a eu aucun blessé côté français, d'après une source militaire. De facto, l'avertissement de Paris s'adresse en priorité à ces ex-combattants rebelles, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois (pillages, exécutions sommaires) à l'encontre de la population. Haïs des habitants, qui les voient le plus souvent comme des "occupants" venus du Tchad et du Soudan voisins, les ex-Séléka, majoritairement musulmans, sont les seuls à évoluer en armes dans la capitale, face aux milices villageoises et chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes, favorables à l'ancien régime), présentes dans la brousse ou infiltrées dans les quartiers.
En trois jours, 394 personnes ont été tuées, selon un dernier bilan donné dimanche par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Des militaires français ont aussi été déployés dans le nord et l'ouest de la Centrafrique, notamment dans les villes de Bossangoa et Bossembélé.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, est intervenue dimanche par téléphone auprès du chef de l'État par intérim Michel Djotodia pour lui demander d'appeler au calme et de sanctionner les responsables des récentes violences. Le président centrafricain a déclaré examiner une demande française consistant à abréger le calendrier de transition et à organiser des élections en 2014 au lieu de 2015.
Avec AFP et Reuters