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Climat : le monde toujours sur une trajectoire de réchauffement catastrophique
Les engagements des pays en matière de climat dirigent le monde vers un réchauffement de 2,5 °C, très au-delà de ce que vise l'accord de Paris, a alerté mardi l'ONU, à deux jours de l'arrivée des dirigeants mondiaux dans la ville amazonienne de Belém pour la COP30.
Les Nations unies affirment que les grands pays pollueurs ne réduisent pas suffisamment rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre pour maintenir le réchauffement climatique à des niveaux plus sûrs. © Narinder Nanu, AFP

Avant la COP30, l'ONU tire la sonnette d'alarme. Les engagements des pays dirigent le monde vers un réchauffement de 2,5 °C, très au-delà de ce que vise l'accord de Paris, a alerté l'organisation mardi 4 novembre.

Le réchauffement est attendu entre 2,3 °C et 2,5 °C au cours de ce siècle si les feuilles de route climatiques des pays sont intégralement mises en œuvre, selon les calculs de l'ONU Environnement (PNUE) publiés à deux jours de l'arrivée des dirigeants mondiaux dans la ville amazonienne de Belém, au Brésil, pour la 30e conférence sur le climat des Nations unies.

Les chefs d'État et de gouvernement, réunis par le président brésilien Lula jeudi et vendredi, seront confrontés à leur échec collectif à tenir, pour l'instant, les objectifs de l'accord de Paris.

Le texte adopté par consensus mondial il y a dix ans vise à limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale "bien en dessous" de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et d'essayer de la contenir à 1,5 °C, limite qui sera quasi certainement franchie au cours des prochaines années.

Toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon

"Notre mission est simple, mais pas facile : il nous faut faire en sorte que tout dépassement soit aussi faible et aussi bref que possible", a réagi Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, qui a, dans un entretien à l'AFP accordé en septembre, concédé que l'objectif de 1,5 °C était "sur le point de s'effondrer".

Dans une déclaration vidéo, il appelle à "réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre" d'ici 2050 pour espérer "ramener l'augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C d'ici à la fin du siècle".

Le monde continue à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon, ce qui a conduit à une augmentation très forte (+2,3 %) des émissions de gaz à effet de serre en 2024, selon le nouveau rapport.

Les principaux responsables de la hausse, en valeur absolue, sont l'Inde et ses 1,46 milliard d'habitants, suivie par la Chine, la Russie et l'Indonésie. Les émissions de l'Union européenne ont continué à reculer mais celles des États-Unis ont cessé de baisser (+0,1 %).

La nouvelle fourchette de température publiée mardi montre une amélioration d'environ 0,3 °C par rapport à l'an dernier mais bénéficie aussi de changements méthodologiques (de l'ordre de 0,1 °C) et inclut les engagements américains formalisés sous Joe Biden, qui sont donc en réalité caducs (pour encore 0,1 °C).

Les nouvelles promesses des pays ont "à peine fait bouger le curseur", selon l'ONU.

"L'ambition et l'action ne sont pas du tout aux niveaux nécessaires dans le monde et collectivement", a dit à l'AFP Anne Olhoff, responsable scientifique du rapport.

Ces nouvelles estimations se fondent sur les feuilles de route 2035 que les pays devaient publier avant la COP30 (10-21 novembre), une obligation de l'accord de Paris. Mais moins d'un tiers des nations l'ont fait à temps.

Sur la seule base des politiques actuelles, donc sans tenir compte des engagements à faire mieux, le réchauffement irait jusqu'à 2,8 °C (contre 3,1 °C l'an dernier), calcule l'ONU.

Scénario de dépassement "temporaire et minimal"

Dans un autre rapport publié la semaine dernière, l'ONU avait eu du mal à quantifier l'effet des plans climatiques nationaux, faute de données, estimant la baisse des émissions à -10 % dans la prochaine décennie par rapport à 2019, au lieu des 60 % nécessaires. La conclusion était la même : la trajectoire de Paris est loin d'être en vue.

L'ONU parle donc désormais ouvertement d'un scénario de dépassement "temporaire et minimal".

Cet "overshoot" supposerait de freiner très fortement les émissions mais aussi d'absorber des quantités industrielles de CO2 dans l'atmosphère, de manière naturelle (forêts) ou en ayant recours à des technologies de captage, aujourd'hui marginales et peu matures.

Sans que ce soit idéal : les scientifiques insistent sur le fait que chaque fraction de degré de réchauffement augmente l'intensité des cyclones et des canicules, et réduit les chances des coraux de survivre.

"Nous avons encore besoin de réductions sans précédent des émissions de gaz à effet de serre, dans un délai de plus en plus court, dans un contexte géopolitique difficile", résume Inger Andersen, cheffe de l'ONU Environnement.

Avec AFP