Après avoir impressionné les téléspectateurs d'"Arabs Got Talent" lors de sa première prestation, l'Américaine Jennifer Grout s'est qualifiée pour la finale. Pour FRANCE24, cette chanteuse originaire de Boston lève le voile sur son mystérieux talent.
Depuis sa première apparition en septembre dernier sur le plateau du télécrochet "Arabs Got Talent", Jennifer Grout n’en finit plus de séduire les téléspectateurs. Cette Américaine a réussi l’incroyable performance de se qualifier pour la finale de cette émission libanaise très populaire au Moyen-Orient en interprétant des chansons en arabe, alors même qu’elle ne parle pas cette langue.
Impressionnés par sa reprise du célèbre morceau "Baid Annak" de la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, beaucoup d’Internautes ont même fait part de leur scepticisme, évoquant "une supercherie". Flattée d’être l’objet de tant de curiosité, la jeune femme de 23 ans s’amuse de ces rumeurs. "Je n’ai absolument aucune racine arabe ni turque. Mes parents viennent de Randolph, dans le Vermont. Je suis née et j’ai grandi à Boston dans le Massachussetts. Je n’ai commencé à étudier la musique arabe qu’en 2010", affirme Jennifer Grout à France24 depuis Beyrouth où elle attend de participer au show final le 7 décembre. "Vous pouvez demander à n’importe lequel des membres de ma famille ou de mes amis, avant je ne connaissais rien du monde arabe, à part que c’est dans cette région qu’a été inventé le couscous et la danse du ventre !".
Il y a quelques mois, une de ses amies lui a envoyé un formulaire d’inscription pour "Arabs Got Talent". Jennifer n’en avait jamais entendu parler, mais elle n’a pas hésité une seconde. Lors de la première émission, elle s’est ainsi retrouvée face au jury incapable de répondre à leurs questions : "Je me disais, 'Oh mon dieu', je ne comprends pas ce qu’ils disent, ni leurs commentaires ni leur avis. Donc, j’ai simplement souri et hoché la tête". Une barrière de la langue qui ne l’a pas empêchée de poursuivre l’aventure. Même si elle ne parle pas arabe, l’artiste venue des États-Unis arrive à faire passer une intense émotion. "Je pense qu’il y a différentes formes d’intelligence, et par chance, j’ai reçu une sorte d’intelligence musicale. Ce don combiné à des années d’entraînement et à une passion immense pour cette musique, me permet d’exceller dans cet art", explique la nouvelle coqueluche du Moyen-Orient.
"Cela a simplement touché mon cœur et mon âme"
Pourtant, rien ne prédestinait cette Américaine à vivre une telle aventure à des milliers de kilomètres de chez elle. Elevée dans une famille de musiciens classiques, ses parents l’imaginaient plutôt "en star de l’opéra". "J’ai commencé à apprendre le piano et le violon quand j’avais cinq ans. J’ai débuté dans une chorale à peu près au même âge", raconte Jennifer Grout. Particulièrement douée, la jeune fille s’engage tout naturellement dans des études musicales. Elle s’inscrit à l’Université McGill de Montréal où elle suit des cours de chant. C’est à cette époque en 2010 que la découverte de la musique arabe va changer le cours de sa vie : "J’ai très vite été passionnée. Peut-être parce que cela sort du schéma classique scolaire et que c’est quelque chose qui m’appartenait. Personne ne m’a poussé à le faire, cela a simplement touché mon cœur et mon âme".
L’étudiante originaire de Boston tombe alors littéralement amoureuse de cette culture. Obsédée par ces nouveaux rythmes et par la poésie des morceaux, elle achète son propre oud et se perfectionne en travaillant dans un restaurant syrien de Montréal. Une fois ses études terminées, elle fait sa valise et décide de voyager à travers le monde. Elle s’installe au gré des rencontres au Maroc, en Espagne, en Autriche ou encore en France. "À Paris, j’ai travaillé dans le métro. J’ai vu des gens le faire et je me suis dit : pourquoi pas moi ? Je suis montée dans un wagon, j’ai posé mon chapeau, pris ma respiration et j’ai commencé à chanter de la musique arabe a cappella. La première fois, je me suis fait 30 euros en deux heures !", se souvient-elle avec humour.
"La musique est un pont entre les cultures"
Chanteuse anonyme dans le métro il y a encore quelques mois, Jennifer Grout enflamme désormais les réseaux sociaux. Plusieurs pages Facebook lui sont déjà consacrées. Ce phénomène "made in USA" est fière d’être reconnue pour ce talent peu ordinaire, mais aussi d’être considérée comme un symbole de rapprochement entre l’Amérique et le monde arabe. "Je suis honorée d’accepter ce rôle. Si la musique peut être un pont entre les cultures, alors il faut chanter tout le temps !". En attendant de poursuivre sa carrière, l’héritière de Oum Khaltoum va devoir encore passer l’épreuve de la finale. Même si elle avoue avoir autant de chances que les autres, la candidate venue des États-Unis ne préfère pas faire de pronostics. En participant à l’émission, elle a déjà obtenu sa victoire : "J’ai appris qu’avec de la discipline, de la passion et de la patience, les rêves se réalisent".