Le Premier ministre britannique David Cameron a pris ses distances, lundi, avec le projet de loi concernant l'interdiction du port du niqab dans les lieux publics au Royaume-Uni. Selon lui, la décision revient aux établissements publics.
Faut-il légiférer au Royaume-Uni sur le port du voile intégral ? Alors qu'une proposition de loi visant à interdire la burqa dans les lieux publics est actuellement en débat au Parlement britannique, la question s'étend à toute la classe politique jusque dans les lieux publics.
Dans l'édition du lundi 16 septembre du Daily Telegraph, le Premier ministre David Cameron a tenu, par la voix de son porte-parole, à se démarquer de ce projet de loi déposé en septembre par des députés ultra-conservateurs. “Le Premier ministre ne pense pas que le Parlement doive légiférer sur ce que les Britanniques doivent, ou ne doivent pas, porter dans la rue", a indiqué Downing Street.
En revanche, Cameron a affiché son soutien aux instiutions publiques désireuses d'interdire le port du voile intégral. Il cite notamment l'exemple de l'école qui doit, selon lui, "pouvoir être en mesure de réglementer sur le code vestimentaire dans son enceinte", a ajouté le porte-parole du Premier ministre.
Le niqab autorisé au Birmingham College
Cet entretien fait écho a la décision du Birmingham Metropolitan College, qui a été confronté à ce choix délicat la semaine dernière. Le lycée, qui entendait interdire, "pour raisons de sécurité" les "capuches, chapeaux, casquettes et voiles afin que les visages soient visibles", a été contraint de renoncer à son projet à la suite d'une pétition signée par plusieurs milliers d'élèves.
"On va modifier notre règlement pour permettre à chacun de porter des signes distinctifs qui reflètent sa valeur culturelle", a indiqué la direction du lycée, qui fait ainsi volte-face, seulement trois jours après avoir changé une première fois ses règles en matière de code vestimentaire. Implanté dans une ville à forte communauté musulmane, le lycée de Birmingham avait justifié sa décision par des "mesures de sécurité".
La députée d'opposition Shabane Mahmood s'est félicitée, vendredi 13 septembre, "de la sage décision" du Birmingham College "de revenir sur une mesure qui aurait potentiellement pour effet d'exclure du système éducatif des étudiantes refusant de renoncer au voile".
Le niqab autorisé dans un tribunal
Dans le même genre, un juge britannique a autorisé une femme musulmane à comparaître en niqab devant un tribunal à Londres. Le juge Peter Murphy avait d'abord demandé à cette femme, visée par une plainte pour "intimidation de témoin", de retirer son voile pour qu'elle puisse être identifiée.
Devant l'insistance de la femme, qui affirmait ne pas pouvoir retirer son voile devant d'autres hommes que son époux, le juge l'a finalement autorisée à le conserver après la vérification de son identité. Le débat promet d'être vif d'ici le vote au Parlement en 2014.