
Le Rwanda, qui se prépare à tenir ses élections législatives lundi, fait une large place aux femmes en politique. Le pays détient le record de représentation féminine dans le monde depuis 5 ans avec 56 % d'élues à l'Assemblée nationale. Reportage.
Quelque six millions de Rwandais sont appelés lundi 16 septembre à élire leurs députés lors d'un scrutin qui devrait conforter l'hégémonie du tout-puissant Front patriotique rwandais (FPR) du président Paul Kagame, au pouvoir depuis la fin du génocide en 1994. Parmi les candidats en lice, de nombreuses femmes. À elles seules, elles représentent depuis 5 ans 56% de l'Assemblée nationale. Un record mondial.
Selon la Commission électorale nationale (NEC), 410 candidats, répartis sur quatre listes hormis une poignée de candidats indépendants, briguent les suffrages des électeurs.
Lundi 16 septembre, 53 sièges seront attribués au suffrage universel direct, dans un scrutin à la proportionnelle. Un minimum de 5% des voix est exigé pour entrer à la Chambre.
Le lendemain, 24 députées seront élues par des comités de femmes et des conseils locaux. Enfin mercredi, deux jeunes et un représentant des handicapés seront choisis par leurs représentants respectifs aux niveaux local et national.
Médiatrice Izabiliza est l'une d'entre elles. À 46 ans, elle a passé la majeure partie de sa carrière à défendre le droit des femmes. Activiste dans la société civile, Médiatrice s’est peu à peu investie dans la vie politique.
“Lorsqu’on a commencé à promouvoir les femmes, les hommes pensaient que les femmes voulaient qu’ils fassent la cuisine, s’occupent des enfants, que l’homme porte l’enfant sur le dos”, explique Médiatrice Izabiliza qui a occupé un mandat de maire de 2004 à 2006.
Avec trois enfants à charge, dont deux filles à l’université, le coût financier est lourd et Médiatrice doit bien s’organiser. Son mari, qui la soutient beaucoup dans la voie qu’elle a choisi, l’aide même dans les tâches ménagères.
“Souvent, je travaille ici, je mets la table ici, c’est mon bureau quand je veux travailler”, raconte Médiatrice Izabiliza en faisant visiter sa maison.
Un quota de femmes dans les organismes de décision
Cette forte représentation des femmes ne s'est pas imposée d'elle-même. Depuis 2003, la constitution impose en effet un quota d’un tiers de femmes dans tous les organismes de décision.
“Je n’ai pas senti beaucoup de critiques quand j’étais présidente de la chambre des députés, en tant que femme", ajoute Rose Mukantabana, ancienne présidente de l’Assemblée nationale. "Les critiques ou les remarques étaient formulées à l’endroit de la chambre des députés en général”.
Mais il reste encore beaucoup à faire dans le milieu rural, où les traditions sont tenaces.
“Nous, les femmes, nous avons besoin de formuler des idées qui viennent de nous pour construire notre pays”, insiste une Rwandaise au micro de FRANCE 24. "Ce n’était pas comme ça avant, mais maintenant c’est le cas”, ajoute une autre. “C’est important d’encourager les femmes à venir de l’avant et de les éduquer, de les faire sortir de l’ignorance”.
Les bureaux de vote des législatives ouvriront lundi à 07H00 (05H00 GMT). Outre la puissante coalition menée par le Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir depuis 1994, trois partis et une poignée de candidats indépendants briguent les suffrages des électeurs.
Hormis un incident notable vendredi 13 septembre où deux personnes ont été tuées et 22 blessées par l'explosion de deux grenades, jetées sur un marché de Kigali, la campagne s'est déroulée dans le calme.
Le scrutin devrait sans surprise conforter l'hégémonie du FPR et de ses alliés à la Chambre des députés, faute de la présence d'opposants plus virulents qui ne sont pas reconnus par le pouvoir.