Des tests ADN menés sur quatre cheveux pourraient disculper Hank Skinner, dans le couloir de la mort d'une prison texane pour un triple meurtre. Mais pour sa femme, la Française Sandrine Ageorges, "il n’y a pas de libération proche en vue".
Après avoir passé 20 ans dans le couloir de la mort au Texas, Hank Skinner a de nouveau des raisons de croire en sa libération. Condamné à la peine capitale pour le meurtre en 1993 de sa compagne Twila Busby et des deux fils de celle-ci, cet Américain, âgé de 51 ans, pourrait être disculpé. Des tests ADN ont été effectués sur quatre cheveux retrouvés dans la main de la jeune femme assassinée. Les résultats, rendus publics jeudi 29 août par un laboratoire privé de Virginie, montrent que trois d’entre eux appartiennent à une personne ayant un lien maternel avec chacune des trois victimes.
Pour les défenseurs du condamné à mort, ces tests attestent donc "de l’implication" de Robert Donnell, l’oncle maternel de Twila Busby, qui avait été vu en train d’harceler sexuellement sa nièce peu avant son meurtre. Connu pour être violent avec sa femme, cet homme, décédé en 1997 dans un accident de voiture, n’avait pas montré la moindre émotion à l’annonce du décès de sa nièce. Il avait également été vu en train de nettoyer sa voiture deux jours après la tragédie et avait été identifié comme le propriétaire d’un vêtement ensanglanté retrouvé sur la scène de crime qui a, depuis, disparu.
"L’enjeu est l’interprétation de ces tests"
Les tests ADN ont pu être obtenus grâce à la mobilisation acharnée de la femme de Hank Skinner, Sandrine Ageorges. Cette Française, qui se bat depuis 15 ans pour sauver son mari qu’elle n’a jamais vu en dehors du parloir de sa prison texane, a elle-même levé les fonds pour financer une partie de ces analyses. Même si elle se dit aujourd’hui contente, elle sait qu’elle n’est pas prête de voir son époux quitter sa cellule.
"Il n’y a pas de libération proche en vue pour le moment et le vrai combat ne fait que commencer", a-t-elle ainsi déclaré à FRANCE 24. "On ne peut pas être satisfait des résultats de tests ADN. L'enjeu n’est pas le résultat mais l’interprétation de ces tests. Par ailleurs, je suis très mécontente que les scellés aient été peu ou pas du tout préservés ce qui ampute les informations qui auraient pu être récoltées sur l’identité du coupable, sans parler des scellés disparus", précise cette femme qui a fait de la lutte contre la peine de mort le combat de toute une vie.
Après la publication de ces tests ADN, de nouvelles procédures vont être engagées par Hank Skinner et ses avocats. Ils souhaitent notamment faire exhumer le corps de Robert Donnell, dont la culpabilité ne fait selon eux aucun doute : "Nous avons un profil ADN inconnu et une comparaison avec l’ADN de Donnell permettrait de confirmer sa présence sur la scène de crime", explique ainsi Sandrine Ageorges-Skinner.
"Tactiques pour retarder la procédure"
La justice américaine est en revanche plus mesurée suite à cette nouvelle expertise. Pour le procureur du Texas, "ces résultats continuent à montrer le lien entre Hank Skinner et sa culpabilité dans le meurtre de Twila Busby". "Quatre cheveux trouvés sur la victime ont été testés, dont trois pourraient appartenir à Twila Busby et ses deux fils, et le quatrième à Hank Skinner", explique dans un communiqué le bureau du procureur qui dénonce par ailleurs les "tactiques continuelles" de la défense visant à "retarder" la procédure.
Pour Sandrine Ageorge-Skinner, la réaction des autorités prouve simplement que la justice américaine a beaucoup à perdre en reconnaissant son erreur : "Avec des juges et des procureurs qui se couvrent mutuellement depuis plus de 20 ans, vous pouvez imaginer les conséquences très sérieuses qui pourraient découler d’un acquittement et d’une libération".
Hank Skinner a déjà échappé à deux reprises à la dernière minute à une exécution, la dernière fois en 2010. Il n’a jamais nié avoir été sur les lieux du crime, où il vivait avec sa compagne, mais pour sa défense il affirme qu’il aurait été incapable de commettre ce triple meurtre car il venait de prendre une forte dose de médicaments et de vodka. Dans un entretien à l’AFP, il avait aussi souligné en mai dernier que son ADN avait pû être détecté sur l’arme du crime, un couteau, et sur l'un des cheveux retrouvés dans la main de Twila Busby, car ils habitaient ensemble dans cette maison.