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Un nouveau chef d'Al-Qaïda en Irak s'affiche à visage découvert sur YouTube

Une vidéo montrant l'exécution de chauffeurs routiers syriens sur une autoroute du désert irakien permet à un nouveau chef d'Al-Qaïda de s'afficher à visage découvert : Chaker Wahiyib al-Fahdaoui, un Irakien de 27 ans.

Jusqu'à sa mort en 2006, l'homme qui semait la terreur en Irak s'appelait Abou Moussab al-Zarqaoui, leader d'Al-Qaïda connu pour sa cruauté et ses attaques contre la population chiite. Mais depuis la mise en ligne, le 25 août, d'une vidéo montrant l'assassinat le 2 juin dernier de trois chauffeurs routiers syriens sur une autoroute de l'ouest irakien, la terreur a un nouveau visage : celui de Chaker Wahiyib al-Fahdaoui, un Irakien de 27 ans.

La vidéo, mise en ligne d'abord sur YouTube puis diffusée par la télévision, montre Fahdaoui interrogeant quatre chauffeurs routiers pour connaître leur appartenance religieuse. Trois des chauffeurs affirment dans un premier temps être sunnites avant qu'on ne découvre, selon la télévision, qu'ils sont en fait alaouites, une branche du chiisme à laquelle appartient le clan du président syrien Bachar al-Assad, en lutte contre les rebelles, y compris ceux liés à Al-Qaïda. Fahdaoui aligne alors ces trois hommes au bord de la route et les exécute froidement, avant de relâcher le quatrième, un sunnite.

Si Fahdaoui a le visage découvert, ses hommes portent des cagoules. "C'est le seul qui tue à visage découvert (...) Il est dangereux et rusé", estime le colonel Yassin Dwaij, responsable du renseignement pour la police dans la province d'Al-Anbar, dans l'ouest du pays. L'opération se déroule en plein jour, sans que les assaillants semblent s'inquiéter de la présence possible de forces de sécurité sur cette autoroute. Fahdaoui porte, à la manière des djihadistes, un pantalon bouffant, une longue barbe et un keffieh.

Une nouvelle génération "encore plus extrémiste"

Fahdaoui s'est forgé une notoriété en combattant les forces américaines avant d'être arrêté puis détenu dans le sud du pays. Condamné à mort et emprisonné dans le nord, il s'est évadé l'an dernier. Dans les mois qui ont suivi, il s'est affiché de plus en plus en public tandis que le gouvernement le tenait responsable d'un nombre croissant d'attaques.

Cherchant à tirer avantage des manifestations sunnites anti-gouvernementales qui ont enflammé la province d'Anbar (ouest) depuis décembre, il a même fait une apparition publique en mars dernier à Fallouja où, filmé, on le voit déclamer un poème. Les autorités ont depuis mis sa tête à prix, offrant 50 000 dollars américains pour sa capture, mais sans succès. En mai, les autorités l'ont accusé d'être à l'origine de l'enlèvement de 16 policiers sur la route reliant la Jordanie à l'Irak. Douze d'entre eux avaient été tués et quatre blessés.

Depuis la diffusion de la dernière vidéo, Fahdaoui est probablement devenu l'homme le plus emblématique de l'État islamique de l'Irak et du Levant (EIIL), la branche irakienne d'Al-Qaïda. "Le terroriste qui a tué les chauffeurs routiers (...) est aujourd'hui une des figures les plus dangereuses d'Al-Qaïda", selon un général d'armée cité par l’AFP, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "Il fait partie d'une nouvelle génération, comme en son temps Zarqaoui, mais encore plus extrémiste", estime-t-il.

Zarqaoui, un Jordanien connu pour ses méthodes brutales, avait fini par se mettre à dos nombre de tribus sunnites de la région, et s'était même querellé avec des hauts dirigeants d'Al-Qaïda. Avant d'être tué par un drone américain en juin 2006, il apparaissait souvent dans des vidéos en ligne qui le montraient dans des camps djihadistes, ou tirant en l'air au fusil automatique. Après sa mort et la décision des forces américaines de recruter des supplétifs parmi les tribus sunnites de la région, la sécurité dans la province s'était peu à peu améliorée. Mais le mécontentement des tribus vis-à-vis du gouvernement, la proximité de djihadistes en Syrie, et la reprise des attentats en Irak ont ravivé l'insécurité.

Avec dépêches