Depuis le 15 août, plus de 30 000 Syriens ont fui vers le Kurdistan irakien. Un afflux tel que les autorités ont décidé de limiter à 3 000 le nombre de réfugiés syriens qui peuvent entrer chaque jour sur le territoire.
Le Kurdistan irakien fait face à un afflux de réfugiés sans précédent. Depuis le 15 août, plus de 30 000 Syriens sont entrés dans le nord de l’Irak pour fuir les combats en Syrie qui se sont intensifiés entre les milices kurdes et les djihadistes. Face à cette vague, le Kurdistan irakien a même décidé le 20 août de fixer à 3 000 par jour le nombre de réfugiés pouvant traverser la frontière.
"Nous venons de Kameshli, cela nous a pris trois jours pour arriver ici. Nous fuyons cette vie sous les balles, sans argent, qui affecte des milliers de personnes innocentes", témoigne ainsi Biruz Rashid, un réfugié syrien qui vient juste de traverser le pont qui relie la Syrie au Kurdistan irakien. "Nous n'avions pas d'autres choix que de partir, on ne peut pas travailler là-bas", raconte pour sa part Reivan Farco.
Les affrontements de l’autre coté de la frontière ont principalement lieu dans la ville syrienne de Ras al-Aïn. Les combattants du Front al-Nosra lié à Al-Qaïda multiplient les offensives pour reprendre ce point stratégique qu’ils ont perdu le mois dernier. Selon les Kurdes, ces djihadistes exercent des pressions sur la population. Ils s’en seraient notamment pris aux personnes refusant de faire le jeûne du ramadan ainsi qu’aux femmes ne portant pas le voile.
Le Kurdistan syrien contre le califat d'al-Nosra
"Il y a deux raisons pour lesquelles les djihadistes combattent les Kurdes. La principale raison est la volonté d'imposer la loi islamique à une population kurde qui est plutôt laïque. La deuxième raison est que ces groupes refusent toute forme d'indépendance ou d'autonomie quelle qu'elle soit ", explique Berzan Isso, spécialiste de la question kurde.
Ces offensives du Front al-Nosra pourrait s’inscrire dans un objectif plus global. Avec ses alliés irakiens, le groupe djihadiste aurait en effet un projet de "califat" à cheval sur l'Irak et la Syrie. Mais face à eux, la communauté kurde, qui représente environ 10% de la population syrienne, a d’autres projets. Elle compte bien installer dans cette région, qu’elle contrôle depuis un an, un Kurdistan syrien à l’image de son voisin irakien.
Désormais mobilisés contre les groupes djihadistes, les Kurdes de Syrie ne souhaitent pas davantage se rapprocher du Conseil national syrien, qui lui, refuse catégoriquement, de leur accorder un état autonome.