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Un bateau de migrants syriens s'échoue en Sicile, au moins six morts

Les autorités italiennes ont découvert samedi au moins six corps de migrants et ont secouru plus d'une centaine de personnes à Catane, en Sicile. Apparemment tous en provenance de Syrie, ils s'étaient entassés sur un bateau de pêche.

Nouveau drame de l'immigration en Italie: six migrants se sont noyés en tentant de débarquer à l'aube sur une plage de Catane (Sicile) d'un bateau transportant une centaine d'autres immigrés, provenant surtout de Syrie et d'Egypte.

"Nous avons été alertés peu après 5H30 (3H30 GMT) qu'un bateau s'était ensablé en face d'un établissement balnéaire" à Plaia di Catania, a expliqué à l'AFP le commandant Roberto D'Arrigo, porte-parole de la Capitainerie du port de la grande ville sicilienne.

L'embarcation, un bateau de pêche long de 18 mètres, était bloquée à une quinzaine de mètres du rivage. "Les migrants se sont pour la plupart jetés à l'eau" dès qu'ils ont vu les côtes, a poursuivi le commandant D'Arrigo.

Les corps de deux immigrés décédés ont été trouvés sur la plage tandis que "quatre autres corps ont été repêchés par les pompiers" autour du bateau, selon ce porte-parole. Les six migrants ne savaient apparemment pas nager et se sont noyés, trompés par la présence d'un canal assez profond à proximité du rivage, selon la police également intervenue sur place. Un enfant de trois ans, très déshydraté, et une femme enceinte ont été hospitalisés par précaution.

Le port de provenance n'est pas connu mais apparemment les migrants étaient en route depuis une semaine.

Le commandant D'Arrigo a précisé que les passagers étaient tous "de jeunes adultes" et que "parmi les victimes, figure un jeune de 15/16 ans".

"Quand nous sommes arrivés, un bon nombre se trouvait déjà sur le rivage", a expliqué le commandant D'Arrigo, en parlant d'un total de "91 immigrés, des Syriens et des Egyptiens, secourus par la capitainerie et qui sont actuellement au port pour identification". Mais il se peut qu'ils aient été plus nombreux, d'autres sources policières évoquant la présence d'au moins 120 personnes sur le bateau.

Dario Monteforte, propriétaire de l'établissement Lido Verde qui a lancé l'alerte a déclaré à la chaîne Sky TG24 "avoir vu une multitude de jeunes sur la plage qui couraient vers la route".

M. Monteforte, visiblement affecté, a décidé de fermer son établissement tout le week-end. "Il faut faire quelque chose, c'est vraiment une tragédie infinie", a-t-il dit, à propos des drames autour du débarquement chaque année de milliers de migrants sur les côtes italiennes.

Des plongeurs des pompiers ont passé plusieurs heures à explorer le périmètre autour du bateau de pêche pour vérifier s'il n'y aurait pas d'autres victimes.

Selon le commandant D'Arrigo, ce débarquement d'immigrés sur une plage de Catane est "complètement inhabituel. Normalement ils arrivent plus au sud dans la région de Syracuse, éventuellement à la pointe (extrême de la principale île sicilienne) à Portopalo di Capopassero ou alors à Lampedusa".

Le commandant pense que les migrants "se sont dirigés vers la plage dès qu'ils ont vu la côte aux premières lumières de l'aube".

Une quarantaine d'autres migrants, tous Syriens et pour la moitié mineurs, ont été par ailleurs secourus et sont arrivés à Syracuse samedi matin. L'un d'eux est handicapé et un autre souffre de nombreuses fractures.

Les violences ont fait plus de 100.000 morts en Syrie depuis le début, en mars 2011, d'un soulèvement populaire qui s'est transformé en conflit armé, face à la répression menée par le régime, selon une ONG syrienne.

Une centaine d'immigrés syriens avaient déjà été secourus dans la nuit de mercredi à jeudi en Calabre. Partis il y a deux semaines de Syrie, ils avaient changé d'embarcation à plusieurs reprises avant d'être abandonnés sur un petit bateau de 11 mètres à la dérive.

A la faveur d'une mer calme, les arrivées d'immigrés clandestins se sont intensifiées ces dernières semaines en Italie.

Les passeurs abandonnent souvent leurs passagers en pleine mer, dès qu'ils sont repérés par les garde-côtes italiens ou maltais.

Début juillet, le pape François s'était rendu sur l'île sicilienne de Lampedusa, lors de son premier voyage hors de Rome, afin de "pleurer" les milliers de migrants qui ont péri ces dernières années pendant la traversée de la Méditerranée.

AFP