
La Cour de cassation italienne examine l'ultime recours déposé par Silvio Berlusconi, âgé de 76 ans, contre sa condamnation à quatre ans de prison et cinq ans d'interdiction d'exercer une fonction publique dans l'affaire Mediaset.
Silvio Berlusconi doit être fixé cette semaine sur son sort. La Cour de cassation italienne a entamé, mardi 30 juillet, l'examen de l'ultime appel déposé par le Cavaliere contre sa condamnation pour fraude fiscale à quatre ans de prison et cinq ans d'interdiction d'exercer une fonction publique dans l'affaire Mediaset.
La décision de la Cour de cassation, pourrait ne pas intervenir avant jeudi. Certains médias italiens affirment même que le verdict pourrait être reporté au mois de septembre. Quelle que soit la date du verdict, l’ancien président du Conseil italien risque gros.
Dans cette affaire, le magnat des médias a été accusé, en mai, d'avoir artificiellement "gonflé" le prix des droits de diffusion de films, achetés via des sociétés écrans lui appartenant, au moment de leur revente à son empire audiovisuel Mediaset. En constituant des caisses noires à l'étranger, le groupe aurait réduit ses bénéfices en Italie pour payer moins d'impôts. Le manque à gagner pour le fisc italien a été évalué à 7 millions d'euros.
Le Cavaliere derrière les barreaux ?
Silvio Berlusconi, qui ne s'est pas présenté à la Cour, a affirmé dans un entretien ne "plus dormir depuis un mois" dans l'attente de ce verdict.
La peine de quatre ans a été réduite immédiatement à un an en vertu d'une amnistie. Mais quelle que soit la décision de la plus haute juridiction italienne, Silvio Berlusconi, âgé de 76 ans, ne devrait pas aller en prison, en raison de son âge. En effet, les personnes de plus de 70 ans ne peuvent pas être incarcérées en Italie.
En revanche, l'interdiction d'exercer un mandat public constitue un enjeu de taille pour le Cavaliere, entré en politique en 1994, trois fois chef du gouvernement et aujourd'hui sénateur. Ce dernier ne perdrait toutefois pas automatiquement son siège de sénateur, car il faut pour cela un vote du Sénat en session plénière.
Crise politique au PD et au PDL
La décision de la plus haute juridiction italienne risque, par ailleurs, de provoquer par ricochet une nouvelle crise politique. L'affaire sèmerait le trouble tant au sein du Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, qu'au Parti démocrate (PD), le principal parti de gauche.
Selon Marcello Sorgi de "La Stampa", en cas de confirmation de la condamnation, le PDL "n'existe plus", tant il s'identifie à son fondateur.
L'affaire risque également d'être délicate au sein du gouvernement de coalition gauche-droite d'Enrico Letta. Une partie du PD, principale force de la majorité gouvernementale, peut en effet juger impensable de continuer à gouverner avec le parti d'une personne bannie par la justice. Cette aile du PD pourrait être tentée de profiter de la condamnation pour faire tomber l'exécutif et retourner aux urnes.
"Je n'ai pas peur, l'Italie est plus stable que l'on pense. Je ne pense pas qu'il y aura un séisme" politique à la suite du verdict, a toutefois affirmé Enrico Letta lundi.
Silvio Berlusconi a répété qu'il ne remettrait pas en question la participation de son parti au gouvernement, même en cas de confirmation de la sentence.
Depuis son entrée en politique en 1994, Berlusconi a eu de nombreux démêlés judiciaires mais n'a jamais été condamné définitivement. Il a été condamné notamment pour corruption, faux en bilan, fraude fiscale, financement illégal de parti... mais a toujours par la suite soit bénéficié de la prescription soit été acquitté.
En juin dernier, il a été condamné à sept ans de prison et l'interdiction à vie d'exercer un mandat public pour abus de pouvoir et prostitution de mineure dans l'affaire Rubygate. Il a fait appel.
Avec dépêches