
Explosions, affrontements, manifestations : la ville de Benghazi, berceau en 2011 de la révolution qui a renversé Mouammar Kadhafi, a sombré dans la violence depuis l'assassinat vendredi du militant politique anti-islamiste Abdessalem al-Mesmari.
La ville de Benghazi, d'où était partie la révolution libyenne début 2011 dans l'est du pays, semble entraînée dans une spirale de violences depuis l'assassinat le 26 juillet du militant politique anti-islamiste Abdessalem al-Mesmari, qui avait été l'un des fers de lance de la révolution contre Mouammar Kadhafi.
Des combats ont éclaté dans la ville dans la nuit du 28 au 29 juillet entre des assaillants armés et des militaires postés dans le quartier du palais de justice. Contacté par l'agence Reuters, Mohammed al Hijazy, porte-parole des opérations de sécurité à Benghazi, a déclaré : "Les affrontements ont éclaté entre les forces spéciales de l'armée et un groupe armé inconnu. Au moins un soldat a été tué. Les forces spéciales ont à présent repris le contrôle."
Les soldats attaqués montaient la garde sur les lieux d'un double attentat survenu plus tôt le 28 au soir. Quarante-trois personnes ont été blessées dans les explosions, rapporte l'agence officielle Lana, qui cite le ministre de la Santé.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés peu après dans les rues de la ville. Ils ont renvoyé dos à dos les islamistes, qu'ils accusent d'avoir assassiné Abdessalem al-Mesmari pour ses idées, et le gouvernement auquel ils reprochent de ne rien faire contre la violence.
Évasion de plus de 1 000 prisonniers
Ces nouveaux incidents interviennent au lendemain d'une violente mutinerie dans la prison de la ville, au cours de laquelle plus de 1 000 prisonniers se sont évadés samedi.
Mais les derniers troubles qui agitent la capitale de la Cyrénaïque semblent bien avoir été déclenchés par la mort d'Abdessalem al-Mesmari. Cet avocat, tué par balles à sa sortie d'une mosquée, était parmi les premiers militants ayant participé aux manifestations contre le régime du dictateur déchu Mouammar Kadhafi, en février 2011. Il avait participé à la création de la "Coalition du 17 février", bras politique de la rébellion, avant que le Conseil national de transition (CNT) ne prenne la relève.
Après la révolution, il s'était opposé aux Frères musulmans, les accusant de vouloir prendre le pouvoir malgré le rejet de la population. Il s'était déclaré également opposé à une loi bannissant de la vie politique les anciens collaborateurs du régime de Mouammar Kadhafi, adoptée en mai dernier sous la pression de milices pro-islamistes. "À ceux qui menacent de recourir à la violence ou l'assassinat en raison de nos opinions patriotiques, nous disons: nous vous vaincrons avec notre militantisme pacifique", écrivait-t-il récemment.
Le Premier ministre Ali Zeidan a promis de remanier son gouvernement étant donné la situation "urgente" du pays. Il a déjà limogé son ministre de la Défense fin juin en raison de la détérioration de la sécurité en Libye.
Avec dépêches