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Detroit devient la plus grande ville américaine à faire faillite

Étendard de l'industrie automobile triomphante au début du XXe siècle, la ville de Detroit est devenue jeudi la plus grande métropole américaine à se déclarer en faillite. Sa dette s'élève à 18,5 milliards de dollars (14 milliards d'euros).

Dernier acte de l’agonie de la "Motor city". La ville de Detroit, berceau de l’industrie automobile américaine, s’est déclaré jeudi 18 juillet en état de faillite - la plus importante banqueroute d’une ville dans l’histoire des États-Unis. La dette de la plus grande ville du Michigan est estimée à 18,5 milliards de dollars (14 milliards d’euros). Le gouverneur Snyder a estimé qu’il n’y avait pas d’autre solution.

"Je prends cette décision difficile afin que les habitants de Detroit aient accès aux services publics les plus élémentaires et pour que Detroit reparte sur de solides bases financières qui lui permettront de croître à l'avenir", a expliqué Rick Snyder, le gouverneur de l'État du Michigan, dans un communiqué.

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"C'est un jour très difficile" (maire de Detroit)

Avant Detroit, de grandes villes comme New York, Cleveland et Philadelphie se sont retrouvées au bord de la faillite, mais Detroit est la première ville américaine à demander officiellement la protection de la loi sur les faillites.

Le président américain Barack Obama a fait dire par un porte-parole de la Maison Blanche qu’il suivait la situation de près. Mais, à la différence de ce qui s’est passé avec la grande crise de 2008, lors de laquelle l’État fédéral avait décidé de renflouer les constructeurs General Motors et Chrysler à coups de milliards de dollars, le président n’a pas fait de promesse cette fois.

Detroit était naguère synonyme de savoir-faire industriel. Les géants de la construction automobile s’étaient mis, de 1941 à 1945, à produire chars, avions et munitions, ce qui avait valu à la ville le surnom d’"arsenal de la démocratie". Aujourd’hui synonyme de déclin, de ruine, de criminalité, la ville a vu fondre sa population progressivement, passant de 1,8 million d’habitants en 1950 à 700 000 aujourd’hui. Désormais, un tiers des habitants vit dans la pauvreté et 20% environ sont au chômage.

Ville anéantie

La perte des emplois industriels, l’exode des habitants blancs vers les banlieues, qui s’est accéléré après les émeutes raciales des années 60, ont laissé la ville anéantie. Aujourd’hui, Detroit compte plus de deux retraités pour un actif. Avec un quart des immeubles abandonnés dans certains quartiers, aucune autre ville américaine n’a porté plus lourdement le fardeau de la désindustrialisation.

En outre, la municipalité a été ébranlée par des affaires de corruption au fil des années. Kwame Kilpatrick, ancien maire de Detroit et ex-étoile montante du Parti démocrate, est en prison après avoir été condamné pour plusieurs faits de corruption, et notamment de truquage des appels d’offres, alors qu’il était en fonction.

Le taux de meurtres est à son plus haut niveau en près de 40 ans, seul un tiers du parc ambulancier était en service au premier trimestre 2013, et les quelque 78 000 bâtiments abandonnés de la ville créent "des problèmes de sécurité publique supplémentaires et réduisent la qualité de vie dans la ville", note le gouverneur du Michigan dans sa lettre.

Avec dépêches