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Washington demande la libération de Mohamed Morsi

Les États-Unis ont demandé "publiquement" vendredi la libération du président égyptien déchu par l'armée, Mohamed Morsi. Pendant ce temps-là, les Frères musulmans ont appelé à la poursuite des manifestations samedi.

Le président Barack Obama a appelé, vendredi 12 juillet, au téléphone le roi Abdallah d'Arabie saoudite pour s'entretenir avec lui notamment de la situation en Égypte. Les États-Unis sont d'accord avec l'appel de l'Allemagne - lancé quelques heures plus tôt - pour libérer Mohamed Morsi et formule "publiquement" la même demande, a affirmé la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki. 

"Nous avons exprimé nos inquiétudes depuis le début (...) au sujet de son interpellation, au sujet des arrestations politiques arbitraires de membres des Frères musulmans", a-t-elle ajouté, évoquant des "arrestations politiques".

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"Il y a peut-être un essoufflement du côté de l'opposition"
Washington demande la libération de Mohamed Morsi

Le nouveau pouvoir égyptien a de son côté assuré que l’ex-président se trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement". Mais il n'est pas apparu en public depuis son arrestation, après sa destitution le 3 juillet. Le président déchu serait détenu dans les locaux de la Garde républicaine au Caire, devant lesquels une cinquantaine de partisans des Frères musulmans ont été tués lundi à l'aube.

Nouvel appel des pro-Morsi à manifester

La contestation ne faiblit pas. Ce samedi 13 juillet, les partisans pro-Morsi et les Frères musulmans ont appelé à la poursuite de manifestations pour exiger le retour de "leur président".

La veille, pour le premier vendredi du ramadan, plusieurs dizaines milliers de manifestants s’étaient rassemblés devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, les protestataires, drapeau égyptien dans une main, Coran dans l’autre. Ils ont réitéré leur allégeance au président déchu. Le crépuscule a été marqué par des prières et la rupture du jeûne en présence de nombreuses familles.

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Les partisans et anti-Morsi ont appelé à manifester
Washington demande la libération de Mohamed Morsi

"Nous allons poursuivre la résistance. Nous resterons un mois, deux mois, et même un an ou deux s'il le faut", a lancé à la foule un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi. "Je veux que mes droits et mon président reviennent et que ceux qui sont tombés ne soient pas morts pour rien", avait confié l’un des protestataires à FRANCE 24. "Le président Morsi reste le président légitime, le docteur Mohamed Morsi est le président de la République", a ajouté le jeune homme indigné.

Peu après minuit, une grande foule composée de militants et de sympathisants de la confrérie, dont Mohamed Morsi est issu, se trouvait toujours dans les rues de la capitale. Plusieurs centaines étaient notamment rassemblés aux abords du ministère
de la Défense. Derrière des barbelés, certains invectivaient les forces de l'ordre, postées à quelques dizaines de mètres.

Sur l’emblématique place Tahrir, plusieurs centaines de manifestants hostiles à l’ancien président s’étaient également retrouvés après une journée calme.

Le défi du nouveau gouvernement

Sur le terrain politique, la tâche du nouveau chef du gouvernement s'annonce ardue. Dans un entretien à l'AFP, Hazem El-Beblaoui a affirmé ne pas exclure une participation des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, au gouvernement qu'il s'efforce de former.

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La crise politique vue depuis la campagne égyptienne
Washington demande la libération de Mohamed Morsi

"Jusque-là je n'ai contacté personne", a relevé par téléphone Hazem El-Beblaoui, expliquant vouloir identifier les meilleurs candidats sur "deux critères": "l'efficacité et la crédibilité". "Je ne me préoccupe pas de l'appartenance politique", a encore assuré cet ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances de la première période de transition en 2011.

Il a relayé l'offre déjà évoquée par la présidence intérimaire: si "quelqu'un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, bras politique des Frères musulmans) et que cette personne est qualifiée", sa nomination pourra être envisagée.

Cette tentative de main tendue a toutefois été rejetée dès mercredi par la confrérie, qui a écarté toute possibilité de pactiser "avec des putschistes". "Nous continuerons notre protestation pacifique jusqu'à la fin du coup militaire et le retour à la légitimité", a ainsi commenté jeudi sur Internet le porte-parole des Frères musulmans, Ahmed Aref.

Avec dépêches