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Gaz de schiste : Ayrault recadre sérieusement Montebourg

"Il est exclu d'exploiter des gaz de schiste en France", a rappelé le Premier ministre après de nouveaux propos controversés de son ministre du Redressement productif sur le sujet.

C’est un sévère rappel à l’ordre du Premier ministre envers Arnaud Montebourg. Jean-Marc Ayrault a en effet recadré le ministre du Redressement productif pour ses déclarations sur le gaz de schiste, ce dernier préconisant devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale la création d’une "compagnie nationale publique" pour "exploiter de manière écologique le gaz de schiste". Selon des propos rapportés par l’agence AEF Développement durable, Arnaud Montebourg a également estimé qu’une nationalisation de l’exploitation du gaz de schiste affranchirait la France de sa dépendance au pétrole.

Des propos qui n’ont pas été du goût de Jean-Marc Ayrault. Dix jours après l’éviction de Delphine Batho du ministère de l’Écologie, le Premier ministre a réitéré la position du gouvernement, à savoir que l'interdiction de l'exploiter serait "maintenue".

"Aujourd'hui, il est exclu d'exploiter des gaz de schiste en France. Aucune autorisation n'a été donnée et cette position sera évidemment maintenue", a déclaré le Premier ministre. La "position du gouvernement français consiste à travailler à préparer la transition énergétique, et le gaz de schiste n'est pas dans l'équation du gouvernement", a ajouté Jean-Marc Ayrault.

Dans les rangs du gouvernement, le Premier ministre n’a pas été le seul à taper du poing sur la table. Jean-Vincent Placé, sénateur Europe Écologie-Les Verts (EELV) a, lui, attaqué sur RFI un "adversaire de l’écologie et du gouvernement". "Je ne comprends pas vraiment Arnaud Montebourg. Il sait que ce qu’il défend n’est pas la position du gouvernement, ni du président, et pourtant, il en rajoute une couche. Est-ce que c’est de la provocation? Je ne sais pas", a-t-il commenté.

"Apprendre à renoncer"

Le nouveau ministre de l’Écologie et de l’Énergie, Philippe Martin, a répliqué mercredi que la question d’une exploitation "écologique" des gaz de schiste ne se posait pas aujourd’hui en France en raison du bilan carbone "très négatif" de ces forages.

La secrétaire nationale du Parti socialiste chargée de l’environnement, Laurence Rossignol, n’a pas mâché ses mots jeudi sur RMC Info, en soulignant qu’Arnaud Montebourg n’était "n’est ni ministre de l’Écologie ni de l’Énergie". "J’ai connu Arnaud Montebourg mieux inspiré. Il n’y a pas de façon propre d’exploiter les gaz de schiste par une entreprise publique plus que par une société privée, a-t-elle dit. Il va falloir apprendre à renoncer."

Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ont pour leur part appelé le ministre du Redressement productif à la "cohérence" gouvernementale sans toutefois condamner ses propos.

La France a interdit en juillet 2011 la technique de la fracturation hydraulique, utilisée notamment aux États-Unis, pour l’exploitation du gaz de schiste.

Avec dépêches