Le Premier ministre intérimaire des territoires syriens aux mains de la rébellion, Ghassan Hitto, a démissionné. Parallèlement, le président syrien Bachar al-Assad a renvoyé tous les dirigeants de son parti, le Baas.
Le président syrien Bachar al-Assad a écarté lundi tous les dirigeants de son parti, le Baas, dont le vice-président critique Farouk al-Chareh, tandis que l'opposition, en situation critique à Homs, a décidé de se séparer de son éphémère Premier ministre.
"Les membres du commandement national ont été renouvelés", affirme le parti sur son site, donnant les noms des 16 membres de la nouvelle direction, dont Bachar al-Assad. En revanche, le comité central a écarté le vétéran Farouk al-Chareh, très hostile à l'égard de la politique du chef de l'Etat.
Le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi ainsi que le président du Parlement Jihad Lahham ont fait leur entrée dans ce commandement du parti.
Farouk al-Chareh, qui s'était prononcé fin 2012 pour une solution négociée de la crise en Syrie, reste vice-président. Il détient ce poste depuis 2006 après avoir été pendant 22 ans le chef de la diplomatie syrienne. Il avait été évoqué pour remplacer Bachar al-Assad en cas de transition négociée.
"Ce coup de balai s'explique par les nombreuses critiques venues de la base du parti Baas sur les mauvais résultats de la direction avant et durant" le conflit, a affirmé Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques.
"Elle avait de mauvais résultats et un discours trop rigide. Ce changement complet montre le niveau de mécontentement", a-t-il ajouté.
Le Baas, au pouvoir en Syrie depuis le 8 mars 1963, n'est plus officiellement depuis 2012 le parti qui "dirige la société", mais il reste de fait la formation la plus influente du pays.
Il s'agit du premier renouvellement de sa direction depuis 2005. A l'époque, la plupart des vétérans avait quitté le commandement, qui comptait 14 membres.
Dans le même temps, le Premier ministre rebelle syrien Ghassan Hitto a annoncé lundi qu'il démissionnait, sans avoir pu former de gouvernement d'opposition, près de quatre mois après sa nomination lors d'une réunion à Istanbul.
"Je ne continue pas dans ma tâche de Premier ministre chargé de former un gouvernement intérimaire. Je vais continuer à travailler dans l'intérêt de la révolution pour qu'elle mène à bien tous ses objectifs par tous les moyens possibles", a-t-il indiqué.
Dans un communiqué, la Coalition nationale de l'opposition syrienne, principale formation de l'opposition, a accepté la démission de Ghassan Hitto et annoncé qu'elle recevrait "les candidatures pour le poste de Premier ministre dans un délai de dix jours".
La démission de M. Hitto intervient deux jours après la nomination de l'opposant de longue date Ahmad Assi Jarba à la tête de Coalition.
M. Jarba est considéré comme proche de l'Arabie saoudite, qui s'était opposée à la candidature de M. Hitto, soutenu par le Qatar, lors des laborieux débats précédant sa nomination en mars.
Cette demission survient à un moment critique pour les rebelles. Les troupes syriennes ont gagné du terrain dans le centre de Homs, sous une pluie d'obus au dixième jour de leur offensive pour prendre le contrôle du dernier carré de la ville encore aux mains des insurgés, selon une ONG et des militants.
Homs, ville symbolique pour la rébellion, est également stratégique car elle contrôle les principales routes d'approvisionnement entre le nord et le sud du pays.
Akrama, un quartier de Homs tenu par le régime, a lui été touché par un attentat suicide à la voiture piégée faisant cinq morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le quartier d'Akrama est à majorité alaouite, communauté dont est issue Bachar al-Assad.
Les forces du régime ont pénétré dans plusieurs secteurs de Khaldiyé, quartier du centre de Homs "après de violents bombardements et en utilisant la tactique de la terre brûlée", selon Abou Hilal, un militant anti-régime résidant dans la Vieille ville aux mains des rebelles, joint par l'AFP via Skype.
Pour éviter de perdre trop d'hommes, l'armée détruit systématiquement les immeubles à l'artillerie, obligeant les rebelles à reculer.
Pour Abou Hilal, l'armée contrôle 30% du quartier alors que le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, citant des sources militaires, assure qu'elle est désormais présente dans "la plus grande partie du quartier".
AFP