Le parti salafiste Al-Nour a annoncé lundi son retrait de la table des négociations pour mener la transition politique en Égypte. Le consensus nécessaire à la désignation d'un nouveau gouvernement va être difficile à trouver.
Alors que des centaines de milliers d'opposants à Mohamed Morsi étaient rassemblés dimanche place Tahrir au Caire, la transition politique tente de s’organiser en Égypte, cinq jours après le coup d'État militaire qui a écarté le président islamiste du pouvoir. Toutefois, l'opération s'avère difficile.
Le parti salafiste Al-Nour, force politique indispensable pour former un gouvernement, s'est retiré lundi des négociations, en raison du "massacre" perpétré, selon lui, par l'armée contre des partisans des Frères musulmans devant un bâtiment de la Garde républicaine au Caire.
Al-Nour s’était déjà opposé aux propositions de nomination de l’exécutif faites par la présidence d’intérim : le prix Nobel de la paix, Mohamed el-Baradei a d'abord été proposé samedi comme Premier ministre, puis dimanche le nom de Ziad Bahaa Eldin a été suggéré pour assurer la vice-présidence.
Refus de Mohamed el-Baradei et Ziad Bahaa Eldin
Le choix d'El-Baradei, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), comme chef du gouvernement, annoncé samedi soir par l'agence officielle Mena et plusieurs sources politiques et militaires, s'était déjà heurté aux objections d'Al-Nour.
Le Front du salut national, présidé par le prix Nobel de Paix Mohamed el-Baradei, est composé de plusieurs groupes et partis laïcs de l’opposition libérale et de gauche.
La coalition a été formée par El-Baradei, Sabahi et Moussa à la suite de la déclaration constitutionnelle du président Morsi en novembre 2012.
Le principal objectif des responsables de cette coalition, plus réformiste que révolutionnaire, a été de s'opposer et de fragmenter les islamistes au pouvoir sous Morsi.
Le parti salafiste a également exprimé ses réserves concernant la nomination de Ziad Bahaa Eldin, figure de proue du Front du salut national (FSN) au poste de Premier ministre. "Nous n'avons pas d'objection personnelle (contre Bahaa Eldin) qui est une figure économique importante [...] nous rejetons sa candidature parce qu'il fait partie du Front du salut national", a déclaré Younès Makhyoun sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya.
Agé de 48 ans, Ziad Bahaa Eldin est un technocrate de centre-gauche, avocat d'affaires de formation. Il a dirigé plusieurs institutions économiques chargées des investissements étrangers ou de la surveillance des marchés, puis fait partie du conseil d'administration de la banque centrale.
Associé à la transition menée principalement par des mouvements laïques, le parti religieux Al-Nour "veut un technocrate qui fasse consensus ou soit acceptée par 80% à 90%" des Égyptiens, a expliqué Younès Makhyoun, dans la nuit de dimanche à lundi, sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya.
Les nouvelles autorités ne souhaitent pas non plus s'aliéner les salafistes, car les partisans de Mohamed Morsi, issus des Frères musulmans, maintiennent une forte mobilisation dans la rue.
Avec dépêches